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13 mai 2008

La hausse des prix alimentaires et l'exode rural rendent difficile l'aide aux pauvres

Propos de deux hauts responsables américains sur l'aide alimentaire

 
Vente de pain au Caire
Vente de pain subventionné dans une boulangerie au Caire (Égypte), où la crise a provoqué des émeutes. (© AP Images)

Kansas City (Missouri) - Les fournisseurs et les bénéficiaires de l'aide alimentaire se heurtent à une nouvelle situation difficile qui change la dynamique de l'aide. En effet, la hausse des prix de l'alimentation et de l'énergie, la réduction de la production agricole due à la sécheresse et à d'autres phénomènes climatiques et la baisse du dollar sont la cause d'une forme de crise alimentaire qui était inconnue jusqu'ici.

Auparavant les crises alimentaires étaient surtout causées par des phénomènes locaux (sécheresse, inondations ou guerre) et elles touchaient un groupe de personnes relativement homogène, a fait remarquer la directrice de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Mme Henrietta Fore, le 16 avril lors de la Dixième Conférence internationale que l'USAID et le ministère de l'agriculture avaient organisée à Kansas City (Missouri).

De son côté, le ministre de l'agriculture des États-Unis, M. Ed Schafer, a déclaré au cours de cette même conférence que la demande croissante de produits agricoles destinés à la production de biocarburants n'était qu'une des raisons de la hausse des prix de l'alimentation et que ce n'était pas la principale.

« La hausse des prix de l'énergie, a-t-il dit, sont le facteur le plus important de l'augmentation des prix de l'alimentation. » En outre, la réduction de la production agricole dans de nombreux pays contribue aussi à la crise alimentaire actuelle.

L'USAID, a indiqué Mme Fore, se heurte à une augmentation imprévue de ses coûts de 265 millions de dollars, dont environ 200 millions sont attribuables à la hausse des prix des produits alimentaires de base.

À cet égard, M. Schafer a fait remarquer que le président Bush l'avait habilité, le 14 avril, à débloquer environ 200 millions de dollars au titre de l'aide alimentaire d'urgence.

L'exode rural

Selon Mme Fore, la migration des paysans pauvres vers les zones urbaines à travers le monde crée aussi de nouveaux problèmes pour les fournisseurs d'aide alimentaire.

Pendant les trente prochaines années, le nombre des habitants de notre planète devrait augmenter de 2,5 milliards, dont 2 milliards dans les villes. Il se pourrait que l'on observe un accroissement du nombre de citadins souffrant d'une faim extrême et que des troubles civils aient lieu et qu'ils aient une plus grande ampleur que ceux qui se sont produits récemment. Ces dernières semaines, des émeutes ont en effet éclaté à Haïti, en Égypte, dans des pays de l'Afrique de l'Ouest, au Bangladesh et dans d'autres pays à cause de la hausse des prix de denrées alimentaires.

Un des problèmes qui se posent aux fournisseurs de l'aide alimentaire, a dit Mme Fore, est d'évaluer les besoins des citadins pauvres par ménage et par quartier, ce qui est très différent de l'évaluation effectuée dans les zones rurales.

Il convient aussi d'aider les nouveaux citadins à apprendre à cultiver un jardin potager dans les agglomérations urbaines.

Les solutions

Si Mme Fore a déclaré ne pas pouvoir envisager une baisse des prix de l'alimentation dans un avenir proche, elle a cependant fait part de son optimisme pour un avenir plus lointain. Lors de la conférence de presse qu'elle a donnée à Kansas City, elle a indiqué que les partenariats entre le secteur public et le secteur privé portant sur le développement de la production agricole et des moyens d'accès aux marchés offraient une formation technique et la possibilité d'échanger des idées en matière de recherche en vue de résoudre les problèmes de l'avenir.

Ces partenariats, a-t-elle dit, aident les pays en développement à augmenter la production agricole, qui a diminué du fait que de nombreux agriculteurs n'ont pas les moyens d'acheter les semences, les engrais et le carburant nécessaires, dont le prix ne cesse d'augmenter. Le taux de croissance de la production agricole a diminué pour passer à 1 % par an ces dernières années, alors qu'il était en moyenne de 3 % pendant les années 1970 et 1980.

L'USAID, a souligné Mme Fore, tient à faciliter la modernisation des circuits commerciaux dans les pays en développement et à encourager les pouvoirs publics à apporter un soutien aux entreprises. « Le meilleur moyen de lutte contre la sous-alimentation, a-t-elle dit, est de créer un climat favorable aux entreprises. »

Pour ce qui est de l'Afrique, l'USAID a commencé d'étudier la création de 15 couloirs de transport, qui relieraient les centres de production aux centres de consommation et qui pourraient permettre de réduire considérablement le prix des produits alimentaires de base.

Par ailleurs, le ministre de l'agriculture a indiqué que des chercheurs américains collaboraient avec leurs homologues dans divers pays en vue de mettre au point une nouvelle variété de blé résistante à la rouille, maladie qui ravage des champs de blé en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique de l'Est.

À l'heure actuelle, les stocks de blé des États-Unis sont déjà à leur niveau le plus faible depuis soixante ans. La rouille n'a pas encore fait son apparition sur le territoire américain, mais 75 % des variétés de blé cultivées aux États-Unis ne sont pas résistantes à cette maladie. Si des courants atmosphériques venaient à transporter des spores de la rouille dans le continent américain avant la découverte d'une variété de blé résistante, il pourrait s'ensuivre une baisse considérable de la production de cette céréale, a dit M. Schafer.

En 2007, les États-Unis ont contribué à satisfaire les besoins alimentaires de 35 millions de personnes dans plus de 70 pays.

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