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Allocution du Secrétaire d’État adjoint Carson sur le partenariat États-Unis-Afrique au Centre Wilson

18 janvier 2013

Département d’État
Allocution de M. Johnnie Carson
Secrétaire d’État adjoint, Bureau des affaires africaines
Le Centre Wilson
Washington, DC
Le 16 janvier 2013

Le partenariat États-Unis - Afrique : les quatre dernières années et au-delà

Version telle que préparée

Merci. Je tiens à remercier Michael pour ses remarques préliminaires, et Michael et Steve de me recevoir ici aujourd'hui. Je tiens également à remercier tous les invités de marque dans l’auditoire, y compris les membres du corps diplomatique et des collègues de la communauté des centres de réflexion. C'est un honneur de m'adresser à un tel groupe d'éminents dirigeants qui, comme moi, sont très engagés vis à vis de l'Afrique. Permettez-moi aussi de remercier mon épouse, Anne. Elle et moi avons passé la plupart de notre vie à travailler sur l'Afrique, et rien de ce que j'ai accompli n'aurait été possible sans ses conseils, son partenariat et son soutien.

L’intérêt que je porte à l'Afrique a commencé au milieu des années 1960 lorsque j'ai servi en tant que bénévole du Corps de la Paix en Tanzanie. Les années 1960 étaient une période de grande promesse pour l'Afrique. Alors que des pays nouvellement indépendants luttaient pour faire face à ce que beaucoup considèrent comme les défis insurmontables de la démocratie, du développement et de la croissance économique, des gens nouvellement indépendants se réjouissaient d'embrasser une ère de possibilité et d'optimisme. Cette promesse m'a aussi motivé à entrer dans le service diplomatique. Après plus de quarante années d'expérience en Afrique, trois ambassades, et maintenant quatre ans en tant que secrétaire adjoint aux Affaires africaines, j'ai vécu de première main les triomphes, tragédies et progrès de l'Afrique. Et malgré les progrès inégaux de l'Afrique, je reste profondément optimiste sur l'avenir de l'Afrique. Cet optimisme se fonde sur l’expansion de la démocratie, une meilleure sécurité, une croissance économique rapide et de plus grandes possibilités pour le peuple africain. Il est clair que le XXIème siècle sera élaboré non seulement à Pékin et Washington, mais aussi à Pretoria et Abuja.

Permettez-moi de commencer aujourd'hui en mettant l’accent sur deux endroits où personne ne croyait qu’un tel optimisme serait possible : la Somalie et le Soudan du Sud.

La stratégie du président Obama et de la secrétaire d’État Clinton pour la Somalie a transformé l'un des conflits les plus longs, les plus intraitables et les plus désespérés de l'Afrique en grande réussite et en modèle potentiel pour la résolution d’autres conflits sur le continent africain. Depuis la chute du gouvernement de Siad Barre en 1991, plus d'un million de personnes ont été tuées en Somalie. Les États-Unis et d'autres partenaires internationaux ont globalement tourné le dos à la Somalie à la suite de l’incident tragique du Black Hawk descendu en 1993. La Somalie a servi de refuge à certains des terroristes qui ont détruit notre ambassade à Nairobi en 1998, tuant à la fois des Américains et des Kenyans, et qui ont essayé en vain de faire la même chose à Dar es Salam. Dès le début de cet gouvernement, la secrétaire d’État Clinton et moi nous sommes rendus à Nairobi pour rencontrer Cheikh Sharif, alors président du gouvernement fédéral de transition de la Somalie, ou GFT. Cheikh Sharif avait auparavant servi en tant que chef de l'Union des tribunaux islamiques de la Somalie, et nous n'étions pas sûrs de sa capacité à lutter contre les groupes terroristes comme les Shebab ou à diriger la transition démocratique de la Somalie.

Suite à notre réunion avec le président Sharif, la secrétaire d'État Clinton m'a dit deux choses : « Ne laissez pas tomber le GFT », et « Ne laissez pas les Shebab gagner ». Eh bien, comme vous pouvez sans doute l'imaginer, je n'ai pas beaucoup dormi la nuit qui a suivi cet entretien. Mais depuis lors, le département d'État a établi un partenariat avec la Mission de l'Union africaine en Somalie, ou l'AMISOM, pour former des soldats de la paix d'Ouganda, du Burundi, de Djibouti, du Kenya et maintenant de Sierra Leone pour reconstruire l'armée nationale somalienne et vaincre Al-Qaïda et les Shebab. Les États-Unis travaillent également avec des partenaires d’Afrique de l’Est pour faire avancer un parcours politique qui, en 2012, a permis au président Sharif et au GFT de remettre le pouvoir à un président somalien démocratiquement élu.

Cet effort était dirigé par les Africains, mais a bénéficié d’un soutien important des États-Unis. Sa réussite est remarquable. Il y a quatre ans seulement, les Shebab contrôlaient la plupart de Mogadiscio et le sud et le centre du pays. Aujourd'hui, l'AMISOM et les forces de sécurité nationales somaliennes ont expulsé les Shebab de Mogadiscio et de toutes les autres villes principales en Somalie. Maintenant, pour la première fois depuis plus de deux décennies, la Somalie a un gouvernement représentatif avec un nouveau président, un nouveau parlement, un nouveau premier ministre, et une nouvelle Constitution, et le peuple somalien a lieu d'espérer en un avenir meilleur. J'ai personnellement été témoin de ce sentiment renouvelé de possibilités et d'optimisme quand je me suis rendu à Mogadiscio en juin 2012, devenant le premier secrétaire d’État adjoint à visiter Mogadiscio depuis plus de 20 ans. Les États-Unis continueront de travailler en partenariat avec le peuple somalien à mesure qu’il reconstruit son pays et normalise ses relations avec la région, et j'attends avec impatience le jour où les États-Unis pourront rétablir une présence diplomatique américaine plus permanente à Mogadiscio afin de mieux soutenir les efforts du nouveau gouvernement somalien pour apporter la sécurité, l'aide humanitaire et les services de base à son peuple.

Une deuxième réalisation majeure de ce gouvernement a été d'aider à accompagner le processus de paix qui a abouti à la création de la plus jeune nation d'Afrique : le Soudan du Sud. S'appuyant sur le travail des gouvernements précédents, le président Obama a poursuivi les efforts des États-Unis pour appliquer pleinement l’Accord de paix global au Soudan, ou APG, et mettre fin à la plus longue guerre civile de l’Afrique. Sous la direction des envoyés spéciaux du président Obama, Scott Gration puis Princeton Lyman, les États-Unis ont mené les efforts internationaux visant à relancer l’APGA. Le leadership du président Obama, de la secrétaire d’État Clinton et de l’ambassadrice Rice ont maintenu le référendum de janvier 2011 sur l'indépendance le Soudan du Sud sur la bonne voie, et ont conduit à l'indépendance du Soudan du Sud quelques mois plus tard. L’Envoyé spécial Lyman continue de travailler avec le Soudan, le Soudan du Sud, l'Union africaine et bien d'autres afin d'assurer la paix et la stabilité à long terme entre les deux pays.

De tels progrès remarquables en Somalie et au Soudan du Sud soulignent le succès de la politique globale de ce gouvernement à l'égard de l'Afrique. Cette politique, décrite dans la Stratégie des États-Unis envers l'Afrique subsaharienne, est une politique complète. Elle met l'accent sur ​​le renforcement des partenariats avec les gouvernements, la société civile et les populations à travers le continent africain pour renforcer les institutions démocratiques ; stimuler la croissance économique, le commerce et l'investissement ; augmenter la paix et la sécurité ; et promouvoir les possibilités et le développement.

Le partenariat est particulièrement important pour faire avancer le premier pilier de cette stratégie : renforcer les institutions démocratiques de l'Afrique, améliorer la gouvernance et promouvoir les droits de l'homme. Le dévouement à la démocratie et aux droits de l'homme est une valeur partagée qui lie le peuple américain avec des populations à travers l'Afrique. Et l’accent mis par le président Obama et la secrétaire d’État Clinton sur ​​ces objectifs communs a produit un impact profondément positif sur l’ensemble du continent.

Au Nigeria, lorsque le président Yar Adua est tombé malade et est décédé, les États-Unis se sont fait entendre. Nous nous sommes ralliés aux Nigérians qui insistaient pour que la constitution du Nigeria soit respectée et que l'armée nigériane soit sous l’obligation de rester dans ses casernes. Je me suis rendu personnellement au Nigeria pour encourager tous les hauts dirigeants du Nigeria de ces dix dernières années à respecter la constitution, et pour leur prier que nul ne tente de détourner le processus politique. Après un faux départ momentané, les élections au Nigeria se sont déroulées paisiblement. Et lors du premier tour des élections de 2011, je me souviens d'avoir observé des agents électoraux nigérians dévoués compter les bulletins de vote présidentiels à la seule lumière de leurs téléphones cellulaires. L'engagement des jeunes agents électoraux au Nigeria, les centaines de milliers de Nigérians qui ont fait la queue pendant des heures pour voter, et tous ceux au Nigeria qui ont travaillé pour maintenir le processus politique du Nigeria sur la bonne voie ont assuré le succès des élections de 2011 et encapsulé la possibilité et l'optimisme retrouvés de l'Afrique.

J'ai vu le même engagement envers la démocratie au Kenya en 2010. Les États-Unis ont travaillé main dans la main avec les Kenyans à travers le pays pour assurer un référendum constitutionnel pacifique visant à réduire les facteurs de conflits politiques qui ont provoqué la mort de tellement de Kenyans suite à l'élection contestée de 2007.

Notre message à tous ceux à travers l'Afrique qui ont tenté de faire dérailler le processus démocratique a été clair: les États-Unis ne vont pas rester sur la touche lorsque des gouvernements légitimement élus sont menacés ou des processus démocratiques sont manipulés. Lorsque la tradition démocratique du Sénégal était menacée, j'ai exhorté le président Abdoulaye Wade à respecter ses principes démocratiques et à défendre la constitution sénégalaise. Quand il a choisi de mettre ses propres intérêts avant ceux de son peuple, nous nous sommes ralliés au peuple sénégalais. Le Sénégal a par la suite organisé une autre élection puis transfert du pouvoir pacifique et démocratique. Quand une junte militaire en Guinée-Conakry a commis des violations massives des droits de l'homme, nous avons agi. Travaillant avec les gouvernements du Maroc, du Burkina Faso et de France, les États-Unis ont confronté les dirigeants de la junte, et j'ai personnellement rencontré le général Sékouba Konaté à Rabat. Notre diplomatie a ouvert la voie à des élections libres, équitables, et pacifiques en Guinée pour la première fois depuis son indépendance en 1958. Lorsque des coups d'État militaires ont frappé au Niger et en Mauritanie, nous avons travaillé avec des dirigeants locaux, des partenaires régionaux et la communauté internationale pour rétablir la démocratie dans ces deux pays aussi rapidement que possible. Et en Côte d'Ivoire, quand le président Gbagbo n’a pas pris en compte les résultats des élections de son pays, le président Obama a tendu la main à Laurent Gbagbo, à deux reprises, pour l'inciter à démissionner. Lorsque la situation sur le terrain en Côte d'Ivoire est devenue intolérable, nous avons activement encouragé les Nations Unies à intervenir. Gbagbo est maintenant à La Haye, et la démocratie a été restaurée à Abidjan.

Bien sûr, la démocratie et les droits de l'homme ont à voir avec bien plus que la tenue d'élections. Comme l’a dit le président Obama au Ghana en 2009, « L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais d’institutions fortes ». Cela se traduit par des tribunaux, législatures et commissions électorales indépendants. Cela se traduit par une presse libre, la primauté du droit, et des organisations locales de la société civile ayant le loisir de fonctionner et de s’exprimer librement, sans intimidation de la part des autorités gouvernementales. Et cela veut dire respecter le droit des partis d'opposition d'organiser des manifestations pacifiques publiques et de critiquer ouvertement le pouvoir.

Dans toute l'Afrique, le président Obama, la secrétaire d’État Clinton, et moi-même avons œuvré à renforcer la capacité des parlements à jouer des rôles de surveillance plus efficaces. Nous avons établi un partenariat avec les médias africains et les organisations de la société civile pour promouvoir et protéger les libertés de la presse. Nous avons soutenu des programmes sur la primauté du droit pour renforcer les tribunaux africains et les commissions nationales des droits qui sont si essentielles pour éliminer l'impunité et garantir la justice pour tous, indépendamment du sexe, de l'âge, de l'origine ethnique, de la religion, de la race ou de l'orientation sexuelle. Pour mettre en évidence l'importance du système judiciaire, l'automne dernier nous avons invité une douzaine de grands juges africains de la Cour suprême aux États-Unis où ils ont eu l'occasion de rencontrer le président de la Cour Suprême Juge Roberts et les juges Kennedy et Ginsberg.

En Sierra Leone, nous avons appuyé le Tribunal spécial chargé de juger Charles Taylor et autres personnes accusées d'atrocités pendant la guerre civile brutale de ce pays. Et en Ouganda, Mme Clinton a présenté le Prix du Secrétaire d’État pour les Défenseurs des droits de l’homme pour l'année 2011, le prix international pour les droits de l’homme le plus prestigieux du département d'État, à une coalition ougandaise d’ONG LGBT.

Notre partenariat avec l'Afrique sur la démocratie, la gouvernance et les droits de l'homme est d'une importance vitale, mais il n'est qu'un aspect de notre partenariat. Le président Obama, la secrétaire d’État Clinton et moi-même avons aussi mis l'accent sur la promotion de l'expansion économique de l'Afrique.

Les économies africaines comptent parmi celles avec les croissances les plus rapides de la planète, et attirent de plus en plus de commerce et d’investissements étrangers. Et le changement technologique se propage à travers l'Afrique. Aujourd'hui, les femmes dans les marchés ruraux au Nigeria utilisent des téléphones portables pour transférer de l'argent et vérifier les prix dans des marchés situés dans des villages à plusieurs kilomètres. Les banquiers de Dakar font du commerce avec des courtiers en bourse à New York. Ce sont des changements excitants et révolutionnaires. Selon le magazine The Economist, sept des dix économies aux croissances les plus rapides du monde se trouvent en Afrique. L’une des choses que cette statistique signifie est que l'Afrique est en train de rattraper l'économie mondiale. Si vous regardez la liste des sept pays, plusieurs d'entre eux, comme la Zambie, le Ghana et l'Éthiopie, sont des économies de plus en plus complexes où une croissance inclusive et les classes moyennes sont en train de s’implanter. La croissance non pétrolière s’est élevée en moyenne à plus de cinq pour cent en Afrique au cours des cinq dernières années, et au cours des cinq prochaines années, le taux de croissance moyen de l'Afrique est susceptible de dépasser celui de l'Asie.

Ces tendances sont en train de changer de façon permanente l'évolution des systèmes économiques et politiques de l'Afrique en les ouvrant sur ​​le monde. Pourtant, il n’y a pas assez de chefs d'entreprises américains qui savent que si vous voulez faire un bon investissement, il vous faudrait porter votre attention sur le continent africain. C'est pourquoi au cours des quatre dernières années, ce gouvernement a travaillé à l'expansion du commerce et des investissements américains en Afrique. Nous avons étendu la clause sur le tissu des pays tiers de la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, ou AGOA, qui a permis de créer des centaines de milliers d'emplois à travers le continent. Nous avons organisé des forums AGOA au Kenya, en Zambie, à Kansas City et à Cincinnati, mettant en contact un large éventail d'entreprises et d’investisseurs américains avec des partenaires africains. La mission commerciale dirigée par la secrétaire d’État Clinton en Afrique du Sud en août de l'année dernière était la première mission commerciale jamais dirigée par un secrétaire d'État en Afrique. Une autre mission commerciale que j'ai dirigée l'année dernière au Mozambique, en Tanzanie, au Nigeria et au Ghana a augmenté l'intérêt des entreprises énergétiques américaines envers le besoin énorme de production, distribution et transmission d’énergie sur l’ensemble du continent. Et l'un des participants à cette mission commerciale a déjà signé un accord avec une société nigériane qui devrait produire des dizaines de millions de dollars en exportations américaines et fournir au Nigeria l'électricité dont il a désespérément besoin.

Nous sommes également en train de faciliter de plus en plus de délégations commerciales dans l’autre sens, de l'Afrique vers les États-Unis. Le mois dernier, notre ambassadeur au Nigeria a accompagné des chefs d’entreprises nigérians à des grands salons à la Nouvelle-Orléans et à Orlando. Et depuis 2009, la Société américaine de promotion des investissements à l’étranger, ou OPIC, a soutenu des investissements du secteur privé s’élevant à un total de plus de 2 milliards de dollars en Afrique - un record de tous les temps - et a ouvert un nouveau bureau en Afrique du Sud pour promouvoir des projets d’énergie propre.

Et nous continuons à nous appuyer sur l'ensemble de ce travail pour en faire davantage. En novembre, le secrétaire au Commerce par intérim Blank a visité la région - la première fois qu'un secrétaire américain au Commerce s’est rendu en Afrique subsaharienne depuis plus d'une décennie - et a annoncé le lancement de la campagne Faire des affaires en Afrique. Cette campagne encourage les entreprises américaines à saisir les opportunités en Afrique et rendra cette activité plus facile à mener.

Mais vu que la croissance démocratique et économique va de pair avec la sécurité et la stabilité, ce gouvernement a également développé des partenariats axés sur la formation des casques bleus africains, le soutien des efforts africains visant à établir une Force africaine en attente, et l’intervention face aux menaces transnationales telles que la piraterie, le trafic de drogue et le terrorisme. J'ai déjà fait remarquer l'extraordinaire succès de l'AMISOM en tant que modèle pour une opération de maintien de la paix dirigée par des Africains. En partenariat avec l'Ouganda, la République démocratique du Congo ou RDC, la République centrafricaine, le Soudan du Sud et l'Union africaine, les États-Unis soutiennent également les efforts régionaux visant à éliminer la menace posée par la brutale Armée de résistance du Seigneur. Au Mali, les États-Unis sont favorables à l'intervention militaire française, à un déploiement accéléré de la CEDEAO et à l’apport d'assistance à cette mission dirigée par l'Afrique, à la nécessité d'une feuille de route pour rétablir la gouvernance démocratique et à une aide urgente pour répondre aux besoins humanitaires.

Dans l'Est du Congo, où plus de cinq millions de personnes ont été tuées au cours de 15 ans de violence, les États-Unis travaillent avec des partenaires onusiens, européens et régionaux pour identifier des solutions immédiates et à long terme afin de mettre fin au cycle d'instabilité dans l'Est du Congo. En novembre 2012, lorsque le groupe rebelle M23 a pris le contrôle de la ville de Goma, je me suis rendu à Kampala, à Kigali et à Kinshasa avec mes homologues français et britannique pour délivrer un message commun à l'Ouganda, au Rwanda et la à RDC. Suite à cette mission, le M23 s’est retiré, et les présidents Kagame, Kabila et Museveni ont entamé des pourparlers.

Le quatrième pilier de l'engagement de ce gouvernement envers l'Afrique - en parallèle avec la démocratie, la sécurité et la croissance économique - est la promotion des possibilités et du développement, avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes. Les femmes représentent la moitié de la population africaine, mais sont souvent exclues de l'économie formelle en Afrique. Pour remédier à ce déséquilibre, nous avons redoublé d'efforts diplomatiques et de développement destinés à autonomiser les femmes et les filles à travers des programmes comme le Programme d’entrepreneuriat pour les femmes africaines. Et nous avons établi un partenariat avec la prochaine génération de dirigeants africains à travers l'Initiative du Président pour les jeunes leaders africains. Le Président et la Première Dame ont personnellement accueilli des événements aux États-Unis et en Afrique axés sur le développement et le soutien de jeunes leaders Africains, la promotion de l'entrepreneuriat et la création de partenariats entre jeunes Africains et Américains.

Nous avons aussi vu des résultats impressionnants sur l’ensemble de notre programme de développement. Grâce à l’Initiative alimentaire pour l’avenir du Président, nous avons établi un partenariat avec dix-neuf pays africains pour réduire la malnutrition. La secrétaire d’État et moi-même avons eu le plaisir de rencontrer des agriculteurs au Malawi qui, avec le soutien des États-Unis, ont contribué à une augmentation de 500 pour cent de la production laitière au cours de la dernière décennie. Et le président Obama a lancé la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre du G8, qui vise à faire sortir 50 millions d'Africains de la pauvreté au cours des dix prochaines années. Grâce à l'Initiative du Président pour la santé dans le monde et le Plan présidentiel d'aide d'urgence à la lutte contre le sida, ou PEPFAR, nous avons appuyé la réforme du système de santé et des soins critiques qui ont gardé en vie près de cinq millions de personnes atteintes du VIH en Afrique. Et grâce à notre Société pour le défi du millénaire, ou compacts MCC, nous avons investi près de 6 milliards de dollars dans quatorze pays africains qui ont fait preuve de leur dévouement à des institutions démocratiques fortes, à la responsabilisation et à la transparence. Et le Libéria, la Sierra Leone et le Niger - trois pays qui ont récemment restauré la gouvernance démocratique et sont rapidement en train de devenir des leaders régionaux sur le développement, la transparence, la responsabilisation et la croissance - ont été récemment choisis comme étant admissibles pour développer de nouveaux compacts MCC.

L’aide des États-Unis au développement a également mis l'accent sur ​​l'amélioration de la santé maternelle et infantile, la lutte contre le paludisme, et l'amélioration de l'accès à une éducation de qualité en Afrique. Et quand les catastrophes ont frappé l’Afrique, les États-Unis ont contribué à sauver des vies. De fait, nous avons fourni plus d'aide humanitaire à l'Afrique au cours des quatre dernières années que n'importe quel autre pays. Sur l'ensemble du Sahel, les États-Unis ont fourni une aide d'urgence à une grande partie des plus de 18 millions de personnes touchées dans la région. Et nous avons fourni de la nourriture, des abris et des soins de santé à près de cinq millions de personnes dans la Corne de l’Afrique l'an dernier au plus fort de la sécheresse.

Nous avons aussi trouvé des moyens novateurs de tirer parti de l'expansion rapide de la technologie mobile et internet. Le concours « Apps 4 Africa » (Applications pour l’Afrique) financé par le département d'État en est un exemple. Ce concours encourage la création d'applications mobiles dont le but est de promouvoir la croissance économique, le développement et les possibilités. Un récent gagnant de ce concours était une application du Kenya intitulée « I-vache », qui aide les agriculteurs kenyans à mieux gérer la reproduction de leurs troupeaux de vaches.

Pour promouvoir l'égalité à travers la stabilité et à la croissance, ce gouvernement a également établi un partenariat avec de principales organisations régionales. Nous avons considérablement augmenté l’envergure de notre mission auprès de l'Union africaine. La secrétaire d’État Clinton est devenue le premier secrétaire d'État à prendre la parole à l'Union africaine en août 2011, et elle a accueilli le président de l'Union africaine à Washington ces trois dernières années de suite. Et les États-Unis ont rejoint la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique il y a deux ans pour renforcer notre engagement envers les questions économiques africaines.

Et alors que nous avons travaillé en partenariat avec l'Afrique sur ces quatre domaines, nous avons aussi donné de l’importance à l'Afrique au sein de notre politique étrangère et de nos prises de décisions au niveau mondial. Comme l’a dit Mme Clinton au Cap l'an dernier, « Certains de nos problèmes mondiaux nécessitent des solutions africaines ». C'est pourquoi nous avons travaillé avec des pays africains sur des questions allant du changement climatique à la crise en Syrie.

Pourtant, malgré les progrès de l’Afrique et notre optimisme concernant l'avenir de l'Afrique, de graves problèmes, bien sûr, demeurent. Permettez-moi d’en citer quelques-uns aujourd'hui.

Alors que la Somalie et le Soudan du Sud ont fait des progrès considérables, ils ont encore un long chemin à parcourir. Le Mali et l'Est de la RDC constituent de graves menaces pour la stabilité régionale et l'avenir de millions de civils dans les zones de conflit. Au Kenya, les États-Unis ont déjà fourni plus de 30 millions de dollars depuis 2008 pour la préparation des élections et des programmes d'éducation des électeurs, et nous allons continuer à nous entretenir avec les Kenyans aux plus hauts niveaux de notre gouvernement pour souligner la nécessité d'élections pacifiques et crédibles au mois de mars. Au Zimbabwe, nous restons fermes dans notre demande d'un référendum constitutionnel libre et transparent, suivi d'élections nationales. Nous devons aussi continuer de chercher des façons créatives pour stimuler le commerce et les investissements, promouvoir l'égalité et faire avancer le développement à travers toute l'Afrique. Et pour aider à relever tous ces défis, nous devons continuer à trouver un équilibre entre réaliser nos objectifs diplomatiques et protéger notre peuple du mieux que nous le pouvons.

J'ai commencé ce discours en faisant remarquer que je suis profondément optimiste sur l'Afrique. En mai 2000, The Economist a publié une couverture en noir avec une carte de l'Afrique et l'image d'un enfant tenant un lance-roquettes en dessous du titre : « Le continent sans espoir ». Puis, en décembre 2011, le même magazine a publié une couverture différente, cette fois avec un enfant maniant un cerf-volant en forme de l'Afrique sous un ciel bleu et le titre : « L’Afrique en pleine ascension ». Il ne fait aucun doute dans mon esprit que l'Afrique est en pleine ascension. L'Afrique avance. Les entreprises américaines, les élus, les ONG et, de peur que j'oublie, les diplomates américains qui se rendent compte de ça maintenant auront un avantage significatif par rapport à ceux qui n'ont pas encore réalisé que le XXIème siècle appartiendra à l'Afrique.

Merci. J’aurai plaisir à répondre à vos questions.