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Médailles de l'innovation du CNRS

La médaille de l'innovation du CNRS, créée en 2011, honore des recherches scientifiques exceptionnelles ayant conduit à une innovation marquante sur le plan technologique, thérapeutique ou sociétal et valorisant ainsi la recherche scientifique française. Chaque année, un jury décerne entre une et cinq médailles à des chercheurs et ingénieurs du CNRS, d'autres organismes de recherche, des universités et des grandes écoles, ou encore à des industriels très engagés dans des actions de recherche.

2014 | 2013 | 2012 | 2011

Palmarès 2014 de la médaille de l'innovation du CNRS

Le jury 2014, composé notamment du directoire, des directeurs d'instituts, de la directrice de l'innovation et des relations avec les entreprises du CNRS, des présidents des alliances de recherche, d'un représentant du ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de personnalités du monde de l'entreprise, ont récompensé pour cette quatrième édition :

Le 18 juin, Benoît Hamon, Ministre de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, Secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, et Alain Fuchs, président du CNRS, ont remis la médaille de l’innovation aux quatre lauréats.

portraits des quatre lauréats de la médaille de l'innovation du CNRS 2014 Barbara Demeneix Claude Grison Valentina Lazarova Didier Roux

© CNRS Images / Marie Mora Chevais ; CNRS Photothèque / Thibaut Vergoz ; DR ; Saint-Gobain

Télécharger (5,6 Mo) ou feuilleter la plaquette de la médaille de l'innovation du CNRS.

Barbara Demeneix

Portrait de Barbara Demeneix © CNRS Images / Marie Mora Chevais

Spécialiste des hormones, la biologiste Barbara Demeneix, 64 ans, a développé des méthodes innovantes pour détecter in vivo la présence de polluants environnementaux. Sa réussite phare ? Des têtards transgéniques qui deviennent fluorescents en présence de polluants perturbateurs endocriniens. « Alors que l’analyse chimique classique ne permet de mesurer que quelques substances prédéfinies, ces biomarqueurs prennent en compte l’effet cocktail de la globalité des polluants présents dans l’eau », souligne-t-elle. Actuellement directrice du département Régulations, développement et diversité moléculaire (1) au MNHN de Paris, cette chercheuse a réalisé un parcours très international. Après des études en Grande-Bretagne (où elle est née), au Canada, en Allemagne et en France, elle s’intéresse aux hormones thyroïdiennes qui sont essentielles pour le développement du cerveau des mammifères et la métamorphose des amphibiens. Quelques années plus tard, ses travaux conduisent à la création, en 2006, de la société Watchfrog qui commercialise les fameux têtards fluorescents. Cette biotechnologie très originale va permettre des progrès importants en matière de protection de l’environnement et de santé publique : plus de 50 000 produits chimiques sont actuellement sur le marché sans que leurs effets sur la santé ou la biodiversité n’aient jamais été mesurés. Très sensible aux difficultés que peuvent rencontrer les jeunes femmes scientifiques, elle y prête une attention particulière. En 2011, elle a été récompensée par la revue Nature pour son implication auprès de jeunes chercheurs et de jeunes chercheuses.

(1) Ce département inclut le laboratoire Évolution des régulations endocriniennes (CNRS/MNHN), dont elle est directrice adjointe.

« Barbara Demeneix, endocrinologue », un film de Marie Chevais, produit par CNRS Images.
Notice du film

Lauréats

Claude Grison

Portrait de Claude Grison © CNRS Photothèque / Thibaut Vergoz

Elle est au cœur d’une incroyable success story environnementale ! Claude Grison, chimiste de 53 ans, est à l’origine de douze brevets CNRS qui permettent non seulement d’utiliser des plantes pour dépolluer progressivement les sites miniers, mais aussi d’exploiter les métaux que ces plantes ont absorbés. « Nos procédés permettent de produire, grâce à elles, des molécules utiles et très complexes à synthétiser autrement », se réjouit cette professeur à l’université Montpellier-II, en délégation au CNRS (2). D’un anticancéreux dérivé du monastrol aux produits cosmétiques, les applications sont nombreuses. Des collaborations industrielles sont d’ailleurs développées avec Chimex, filiale de L’Oréal, et la société japonaise Takasago, tandis que Stratoz, jeune entreprise innovante, développera toute la filière. Au début de sa carrière, Claude Grison avait pourtant opté pour une autre voie, la chimie du vivant, interface entre la chimie et la biologie. En 2005, elle découvre le fonctionnement d’une enzyme importante dans la résistance des bactéries aux antibiotiques. Son virage vers l’écologie, un « pari risqué » qu’elle fait en 2008, est inspiré par quatre de ses étudiantes venues lui demander de l’aide pour préparer un sujet sur la dépollution par les plantes. La nature curieuse de cette scientifique hors pair, soucieuse d’environnement, fera le reste… « Grâce à ces plantes, on a inventé une nouvelle chimie qui transforme des déchets en métaux, qui sont justement en voie d’épuisement. C’est le cas du palladium, indispensable pour synthétiser de nombreux médicaments », se félicite-t-elle.

(2) Elle est directrice du laboratoire Chimie bio-inspirée et innovations écologiques (CNRS/UM2/Stratoz).

« Claude Grison, chimiste », un film de Marcel Dalaise, produit par CNRS Images.
Notice du film

Lauréats

Valentina Lazarova

Portrait de Valentina Lazarova © DR

Abordez en sa compagnie la question du traitement et de la valorisation des eaux usées et Valentina Lazarova, 58 ans, experte senior, chef de projet chez Suez Environnement, devient intarissable. « La réutilisation de ces effluents constitue un enjeu géopolitique, socio-économique et écologique majeur à l’échelle de la planète », souligne-t-elle. Considérée comme l’une des spécialistes mondiales de cette thématique stratégique, cette ingénieur en génie des procédés a déposé sept brevets et publié une centaine d’articles dans des revues à comité de lecture. Elle n’a eu de cesse d’améliorer et de fiabiliser les filières de traitement des eaux usées domestiques ou industrielles pour mieux assurer la protection de la santé publique et de l’environnement. Les solutions innovantes qu’elle a imaginées sont mises en œuvre dans de nombreuses installations. À son actif, par exemple, le développement de nouveaux procédés visant à l’élimination du carbone, de l’azote et du phosphore des eaux usées ; l’optimisation des performances de désinfection par ozonation (injection d’ozone) et rayonnement ultraviolet ; le perfectionnement des systèmes de filtration membranaire chargés de faire barrière aux polluants en suspension, aux micro-organismes pathogènes, aux sels et aux micropolluants organiques. Dans un contexte de raréfaction des ressources en eau et de changement climatique global, ces avancées concourent à la préservation de l’« or bleu », à la sauvegarde de la biodiversité et à la diminution de l’impact économique des sécheresses.

« Valentina Lazarova, ingénieur spécialisé en traitement des eaux usées », un film de Marie Chevais, produit par CNRS Images.
Notice du film

Lauréats

Didier Roux

Portrait de Didier Roux © Saint-Gobain

« Non seulement il n’y a pas d’opposition entre recherche fondamentale et recherche industrielle, mais elles se nourrissent très largement l’une de l’autre. » Cette conviction, Didier Roux, 59 ans, directeur de la recherche et de l’innovation du groupe Saint-Gobain, se l’est forgée au fil de sa carrière. Il a d’abord exercé son expertise de physico-chimiste au CNRS en s’impliquant dans la recherche fondamentale tout en assurant, « en parallèle », l’interface avec le monde industriel via la création de deux entreprises (Capsulis et Rheocontrol en 1998). Il a occupé des fonctions de direction scientifique auprès de la société Rhône-Poulenc, puis de Rhodia, avant de « basculer à 100 % dans l’industrie » en 2005. Marquées par le dépôt d’une quinzaine de brevets, ses années passées à étudier les fluides complexes lui ont permis de mettre en évidence une transition de phase conduisant à l’organisation spontanée de structures formées de multicouches de molécules. Ces dernières s’avèrent utiles à la micro-encapsulation de composés actifs, procédé qui trouve des applications dans les secteurs cosmétique et vétérinaire. Œuvrant à la conception de solutions technologiques pour « des marchés en évolution rapide » (vitrage automobile, matériaux haute performance dans l’aviation, nouvelles méthodes de fusion du verre…), cet iconoclaste a contribué à hisser Saint-Gobain parmi les cent entreprises les plus innovantes au monde. Son secret : jouer la carte de l’ouverture vers le monde universitaire et celui des start-up.

« Didier Roux, physicien et chimiste », un film de Marcel Dalaise, produit par CNRS Images.
Notice du film

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