10 décembre 2007

Exposition à travers le monde d'œuvres de cinq artistes amérindiens

Ces créations sont réunies dans une collection qui passera dans les ambassades des États-Unis.

 
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Laura Bush et Larry McNeil
Mme Laura Bush et M. Larry McNeil devant sa lithographie First Light, Winter Solstice. (Photo Mark Stewart/Dép. d'État)

Washington - Une collection d'œuvres originales de cinq artistes amérindiens de renom circulera prochainement dans des ambassades des États-Unis à travers le monde, dans le cadre d'une exposition qui a pour but de présenter la diversité et la richesse de l'art amérindien contemporain à des publics étrangers.

Le département d'État et le Musée national de l'Amérindien de l'Institut Smithsonian ont sélectionné des œuvres des artistes Norman Atkers (de la nation Osage, Mario Martinez (de la nation Yaqui), Larry McNeil (de la nation Tlingit), Jaune Quick-to-See Smith (de la nation Flathead Salish) et Marie Watt (de la nation Seneca) pour ce projet. Le choix des pièces a reposé en grande partie sur l'utilisation de motifs amérindiens traditionnels de façons inattendues.

Les œuvres commandées pour le programme des « Artistes-ambassadeurs » (ART) organisé par le département d'État ont été dévoilées à Washington le 14 novembre à l'occasion d'un vernissage auquel les créateurs, l'épouse du président, Mme Laura Bush, et d'autres dignitaires étaient présents.

Grâce au programme ART, des milliers d'artistes, de galeries et de musées américains ont prêté des tableaux, des sculptures et d'autres œuvres originales aux fins d'exposition dans les résidences d'ambassadeur à l'étranger.

Les cinq artistes mentionnés ci-dessus ont décrit à l'USINFO en quoi consistent leurs approches individuelles en matière d'art. « Pour un grand nombre d'Amérindiens, la vie moderne produit un kaléidoscope de réalités divergentes (...) dans lesquelles les limites entre le sens de soi-même et de la culture extérieure peuvent être clairement distincts ou bien confus, et dans lesquelles le passé et le présent, ainsi que les cultures occidentales et indigènes peuvent coexister » a constaté M. Akers. « Mon art traduit pour moi cette expérience, qui d'ailleurs est vécue par de nombreux Amérindiens. »

L'estampe lithographique de M. Akers intitulée All Things Connected, (« Toutes choses connectées »), se compose d'une représentation d'un élan wapiti entouré d'un halo de jaune vif. L'animal est superposé sur un motif de lignes qui s'entrecroisent pour suggérer l'image d'une carte routière. D'autres emblèmes, comme une poignée de glands ou un soleil enflammé évoquent également le lien entre l'artiste et sa terre natale. Selon M. Akers, l'élan et la carte routière sont les « symboles primaires » qui représentent ici le sens de l'appartenance à un endroit. « Les deux symboles nous aident à définir l'endroit où nous nous sentons chez nous », a-t-il déclaré.

Quant à M. Martinez, il créé lui aussi des œuvres qui explorent le sens de l'emplacement personnel. Dans sa lithographie The Desert, the Yaquis and NYC (« Le désert, les Yaquis et la ville de New York »), on voit un tourbillon de fumée qui serpente à travers une série de lignes droites intercalées d'éléments appartenant à l'univers naturel. Selon l'artiste, les lignes droites sont des références aux paysages urbains de New York et de San Francisco, où il réside également. Dans la vision de M. Martinez, le désert Sonoran, qui est la terre ancestrale des traditions spirituelles et culturelles du peuple Yaqui, devient inextricablement lié à l'environnement urbain où il vit actuellement ; il créé ainsi une réflexion sur les forces contrastantes qui ont influé sur sa vie.

La lithographie de M. McNeil First Light, Winter Solstice, (« Première lueur du solstice d'hiver »), injecte une dose d'humour subversif à la représentation traditionnelle et iconique des Amérindiens. En particulier, il remet en question la vision romancée de la soi-disant « race en voie de disparition » propagée par le célèbre photographe Edward Curtis qui chroniquait la vie tribale des Amérindiens durant les XIXe et XXe siècles. Sur une toile de fond d'un turquoise brillant, l'artiste a dessiné un corbeau qui étend ses ailes et a superposé une photographie d'Amérindiens à cheval, dont les tons sépia et nostalgiques sont typiques du style d'Edward Curtis.

Le corbeau est lui-même la marque d'un détournement de la perspective de l'artiste, étant donné que selon la mythologie de la nation Tinglit, l'oiseau est un « voyou poétique » qui « s'amuse régulièrement » à exposer les vérités cachées, a expliqué M. McNeil. Mais la lithographie contient un deuxième indice : l'ajout à l'ancienne photographie d'une vieille voiture délabrée, qu'il qualifie de « voiture de rèz », c'est-à-dire un véhicule que l'on voit typiquement dans les réserves indiennes.

« Les voitures de rèz sont souvent vieilles et déglinguées, parfois même à peine capables de rouler » a expliqué M. McNeil. « Mais elles font part de notre identité à présent. Je joue sur la perception commune selon laquelle les Amérindiens existent dans le passé ; je les ramène au présent. Si nous pouvons prendre des idées désuètes et stéréotypées et en rire, nous sommes capables alors de reconnaître qu'elles sont effectivement un peu absurdes et repartir dans une direction plus positive. » 

L'art de Mme Smith réaffirme « la philosophie indigène qui dit que toutes les formes de vie sont liées ». Sa lithographie, qui s'intitule We Are All Knots in the Great Net of Life, (« Nous sommes tous des nœuds dans le grand filet de la vie »), incorpore des esquisses d'un homme amérindien portant une plume d'aigle dans ses cheveux, d'animaux sauvages, d'insectes et d'un plant de maïs. Mais l'œuvre contient aussi les images d'une toile d'araignée et d'un crâne humain, tous deux symboles de la fragilité de la vie. « Ce dessin lithographique est un microcosme symbolique de ma vie, mais il présente également des analogies qui se rapportent à l'immensité du système de notre planète », a-t-elle ajouté. 

Mme Watt est une artiste conceptuelle connue pour ses sculptures et ses créations de médias mixtes, qui lui permettent « d'explorer les histoires et les rituels humains qui s'impliquent dans les objets de la vie quotidienne ». Des couvertures en laine, que l'on offre dans les communautés amérindiennes pour fêter des événements tels qu'une naissance ou un mariage, sont un motif récurrent dans son art.

Dans la lithographie de Mme Watt, intitulé Blanket Stories : Continuum (Book I/Book III), (« Histoires de couverture : continuum Livre I/Livre III »), on voit une « couverture de mots » créée par des textes qui s'entrelacent verticalement et horizontalement comme la chaîne et trame de la laine tissée. L'artiste a expliqué que la « tapisserie » du langage révèle ainsi « les histoires personnelles, sociales et culturelles » qui s'implantent dans les objets ménagers de tous les jours.

(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)

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