14 décembre 2010

Les hommages à M. Holbrooke, salué en diplomate et homme d’Etat

L'ambassadeur Holbrooke lors de sa visite à un camp abritant des familles déplacées par les inondations dans une province du sud du Pakistan, le 15 septembre 2010.

Par Merle David Kellerhals Jr.
Rédacteur

Washington - Les hommages à l’ambassadeur Richard Holbrooke, qui est décédé le 13 décembre à Washington à l’âge de 69 ans, le saluent en tant que diplomate par excellence, homme d’Etat et expert à appeler en temps de crise, des rôles qu’il a joués au service des Etats-Unis pendant près de 50 ans, de la guerre du Vietnam au conflit dans les Balkans et à l’ONU, et enfin comme émissaire spécial du président Obama pour l’Afghanistan et le Pakistan.

Mais l’histoire se souviendra surtout de son rôle de négociateur dans les Accords de paix de Dayton en 1995 qui mirent fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine.

Le président Obama a rendu hommage à M. Holbrooke, qui a servi le gouvernement américain sous les mandats de cinq présidents démocrates, à commencer par John F. Kennedy au début des années 1960. M. Obama l’a qualifié de « véritable géant de la politique étrangère américaine qui a fait des États-Unis un pays plus puissant, plus en sécurité et plus respecté »

« C'était une personnalité réellement unique dont on se souviendra pour sa diplomatie infatigable, son amour de la patrie et sa recherche de la paix », a dit M. Obama dans une déclaration le 13 décembre.

M. Holbrooke était représentant spécial du département d’Etat pour l’Afghanistan et le Pakistan au moment de sa mort. Il est décédé des complications d’une opération chirurgicale visant à réparer une déchirure de l’aorte.

La secrétaire d’Etat, Mme Hillary Rodham Clinton, a déclaré que M. Holbrooke « a été au service du pays qu'il aimait pendant près d'un demi-siècle, représentant les États-Unis dans des zones de conflit éloignées et à des négociations de paix de haut niveau, toujours avec distinction et brio, alliés à une détermination sans égale. Il était unique en son genre, un véritable homme d'État, ce qui rend sa disparition encore plus douloureuse. »

M. Holbrooke était un membre clé de l’équipe qui doit présenter au président Obama le 16 décembre les conclusions de son examen stratégique du conflit actuel en Afghanistan. Il avait été nommé au poste nouvellement créé de représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan au lendemain de l’entrée en fonction du gouvernement Obama en janvier 2009 et œuvrait depuis pour trouver la voie qui mènerait à la stabilisation en Afghanistan et aiderait le Pakistan à se débarrasser des terroristes internationaux et des éléments résiduels de l’ancien régime taliban qui contrôlait l’Afghanistan avant octobre 2001.

Le chef de l'état-major interarmées des Etats-Unis, l'amiral Mike Mullen, a déclaré : « Que nous soyons en mesure de faire des progrès constants dans cette guerre revient pour une bonne part aux efforts infatigables et au dévouement de Richard Holbrooke. Je sais qu’il aurait voulu que nous poursuivions notre tâche sans relâche. Et je sais qu’en le faisant, nous ressentirons tous sa présence batailleuse dans la salle. »

Le ministre américain de la défense, M. Robert Gates, a dit que l’ambassadeur Holbrooke, avec lequel il avait travaillé dans le gouvernement de l’ancien président Jimmy Carter, était « l’un des serviteurs les plus prodigieux et conséquents de sa génération, qui appliquait une passion, une énergie, une ténacité et une intelligence uniques à la résolution des questions de sécurité nationale les plus difficiles de notre époque ».

L’ambassadeur des Etats-Unis au Pakistan, M. Cameron Munter, a dit qu’il considérait M. Holbrooke comme un ami intime et l’un des meilleurs amis du Pakistan. « Richard Holbrooke était profondément engagé à renforcer le partenariat entre les Etats-Unis et le Pakistan », a dit M. Munter dans une déclaration faite le 14 décembre à Islamabad.

Son homologue, l’ambassadeur américain en Afghanistan, M. Karl Eikenberry, a déclaré que tout au long de sa carrière, M. Holbrooke avait été le partenaire de ceux qui cherchaient à promouvoir la paix. « Du Vietnam aux Balkans et à l’Afghanistan, c’est ce qu’il a toujours fait en montrant la puissance mais aussi la compassion des Etats-Unis. Nos efforts en Afghanistan ont perdu aujourd’hui un défenseur puissant », a affirmé M. Eikenberry.

Né le 24 avril 1941 à New York, M. Holbrooke a servi dans les gouvernements des présidents Kennedy, Lyndon Johnson, Carter, Bill Clinton et Obama. Il avait commencé sa carrière de diplomate en 1963 au Vietnam où il était agent sur le terrain et aussi membre du cabinet de deux ambassadeurs des Etats-Unis, avant de faire partie de la délégation américaine aux négociations de paix préliminaires visant à mettre fin à la guerre qui se tenaient à Paris.

En tant que secrétaire d’Etat adjoint aux affaires de l’Asie de l’Est et du Pacifique, M. Holbrooke, âgé alors de 35 ans, avait contribué à la normalisation des relations avec la Chine. Et en tant qu’ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne, au début des années 1990, il avait aidé une Europe en plein changement à émerger d’un demi-siècle de guerre froide. Avec son encouragement, l’OTAN entrepris de s’élargir pour inclure de nouveaux membres de l’Europe de l’Est.

Mais son plus haut fait d’armes diplomatique a été son rôle de négociateur des accords de paix de Dayton, qui ont fin à la guerre de Bosnie il y a 15 ans cette semaine, a dit M. Obama. Les accords définitifs avaient été signés le 4 décembre 1995 à Paris ; officiellement appelés Accord-cadre général pour la paix en Bosnie-Herzégovine, ils sont connus du nom de l’endroit où les négociations avaient eu lieu, en l’occurrence la base aérienne Wright-Patterson à Dayton (Ohio).

« En tant que représentant permanent de Washington auprès des Nations unies, Richard Holbrooke a contribué à briser une impasse politique et à renforcer les relations entre notre pays et l'ONU et il a élevé la cause du sida et de l'Afrique à l'ordre du jour international », a dit le président Obama dans sa déclaration faite à la Maison-Blanche.

« Enfin, tout au long de sa vie, en tant que fils de réfugiés, il s'est préoccupé du sort des populations déplacées de par le monde », a souligné M. Obama.

Il n’y a pas longtemps encore, en septembre dernier, lors de l’un de ses nombreux voyages en Afghanistan et au Pakistan, M. Holbrooke s’était rendu dans des camps où se trouvaient les personnes déplacées par les inondations de la mousson qui avaient dévasté certaines parties du Pakistan. Il se rendait fréquemment dans la région pour des entretiens avec le président afghan, M. Hamid Karzai, avec celui du Pakistan, M. Asif Ali Zardari, et avec d’autres hauts responsables et chefs de tribu, des rencontres qui visaient à appuyer le développement et à consolider les partenariats avec les Etats-Unis.

Dans un hommage rendu le 13 décembre à M. Holbrooke, le vice-président Biden l’a qualifié « de grand ami » et « d’un des plus importants guerriers de la paix » des Etats-Unis.

« M. Richard Holbrooke était une personnalité géante, qui par son brillant, sa détermination et la force immense de sa volonté a contribué à infléchir l'histoire dans le sens du progrès. Il a touché tant de vies et contribué à en sauver tant autres », a déclaré M. Biden.

(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)