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Discours Ambassadeur Jackson

L’Entreprenariat au Cameroun

ISTAG | Yaoundé | le 2 octobre 2012 | 13h30

Sponsorisé par le USA-Africa Sourcing and Growth services (UASG)
Discours de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun
Son Excellence M. Robert P. Jackson

Excellence Monsieur le Ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Economie Sociale et de l’Artisanat,
Monsieur le Directeur du Fonds national de l’Emploi,
Monsieur le Directeur de l’ISTAG,
Monsieur le Président Directeur Général de l’UASG,
Distingués Invités, Mesdames et Messieurs,

Bonjour et merci de me recevoir ici à l’ISTAG. C’est avec plaisir que je me joins à vous aujourd’hui pour parler de l’entreprenariat et sa contribution à la croissance économique du Cameroun.

Bien avant mon arrivée au Cameroun, j’avais lu des rapports économiques qui parlaient en termes très élogieux des prouesses entrepreneuriales des Camerounaises et des Camerounais. Je dois dire que je n’ai pas été déçu à mon arrivée ici.

Les petites et moyennes entreprises (ou PMEs) foisonnent au Cameroun. La Loi camerounaise sur la promotion des PMEs définit une PME comme étant une entité commerciale employant 15 personnes ou plus. Cette même loi définit la très petite entreprise commerciale comme étant une entité commerciale employant 5 personnes.

Cela dit, les sociétés camerounaises sont parmi les plus dynamiques de la zone CEMAC. Certaines comme la Cameroon Tea Estate au Nord-Ouest, Maïscam dans l’Adamaoua, et la CICAM à Douala comptent parmi les plus grandes entreprises africaines. Ces sociétés apportent une contribution significative à l’économie de ce pays. Elles ont déjà créé plus de 500,000 emplois et chaque année, elles injectent 10 milliards de francs CFA de capitaux dans l’économie.

Je suis avec intérêt les exploits de certains entrepreneurs camerounais qui sont partis de rien et ont réussi à bâtir des grandes sociétés qui aujourd’hui emploient des centaines, voire des milliers de Camerounais et de Camerounaises.

Je citerai comme exemple Mme Patu Jume Shang, à Jakiri, non loin de Bamenda au Nord-Ouest, qui a créé une coopérative pour la production laitière. Aujourd’hui, cette coopérative produit du lait, du yaourt, du fromage et du beurre et permet à 300 familles locales de gagner des revenus de cette activité.

Pour le Cameroun, cette culture entrepreneuriale est un atout majeur que nous soutenons. Ainsi, en novembre 2012, pendant la Semaine Internationale de l’Entreprenariat, les Etats-Unis apporteront un soutien à deux organisations de la société civile Camerounaise qui travaillent pour la promotion de l’entreprenariat dans ce pays, notamment le Youth Employment Service Cameroon et la Youth Business Cameroon, basés respectivement à Yaoundé et à Douala. 

Néanmoins, qu’est ce qu’un entrepreneur?

L’expérience des Etats Unis et des autres pays nous apprend qu’on reconnait les entrepreneurs par leurs habitudes.

  • Beaucoup d’entrepreneurs sont des visionnaires, qui dans leur vie expriment une insatisfaction avec ce qui les entoure, par exemple avec les produits industriels ou les services qu’ils ou elles reçoivent. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, fait partie de cette catégorie. Déjà à l’université, il disait qu’il n’aimait pas les gros ordinateurs des années 1960 et 70. C’est en ce moment là qu’il a commencé à imaginer et à rêver de mettre à la disposition de chaque famille un micro ordinateur.
  • Beaucoup d’entrepreneurs n’ont pas peur des échecs dans leur vie. En effet, ils ont tendance à transformer chaque échec en réussite, car ils corrigent leurs erreurs et avancent. Savez-vous que le fondateur de Walt Disney, l’une des plus grandes sociétés de divertissement et de média dans le monde a connu de nombreuses tribulations et déceptions dans sa vie? Il avait même été renvoyé de son premier emploi, sous le prétexte qu’il n avait pas « d’idées novatrices ». Pire encore, plus tard dans sa vie professionnelle, il a connu plusieurs faillites avant de connaître un succès retentissant avec Disneyland.
  • Beaucoup d’entrepreneurs ont un grand esprit d’équipe. Ils savent écouter et partager leurs idées avec les autres.
  • Contrairement à ce qu’on croit, tous les entrepreneurs ne sont pas toujours de grands innovateurs. Pour beaucoup, le succès vient des améliorations qu’ils apportent à la vie quotidienne de leurs consommateurs. C’est le cas du regretté Steve Jobs. Le créateur d’Apple n’a pas inventé l’ordinateur ou les appareils portables de musique, mais il les a considérablement améliorés.
  • La majorité des entrepreneurs sont généralement disciplinés, très déterminés et téméraires. Un bon exemple nous vient de la Grande Bretagne avec l’auteur de la série littéraire Harry Potter. Savez-vous que le premier roman de J. K. Rowling a été réjeté par 12 maisons d’éditions ? La romancière d’origine écossaise ne s’est pas pour autant découragée. Sa détermination et sa persévérance lui ont permis de créer l’une des plus belles séries littéraires du 21ème siècle.

Ici parmi vous aujourd’hui, je vois beaucoup de jeunes qui ont toutes les qualités que je viens de citer. Ceci veut dire qu’au Cameroun, ce n’est pas le talent qui manque. Il est donc indispensable de créer un environment qui permettra à ce talent de s’épanouir.

Les marques américaines que vous connaissez tous dominent des secteurs de l’économie mondiale en partie grâce aux efforts constants que le Gouvernement des Etats-Unis déploie chaque jour pour encourager et soutenir l’entreprenariat. La société américaine dans son ensemble encourage les gens à tenter leur chance, à développer leurs idées et à lancer leurs entreprises.

Les lois américaines au niveau fédéral et au niveau des Etats fédérés et l’ensemble des institutions administratives qui s’occupent de tous les aspects de l’entreprenariat ont pour objectif  la promotion de l’entreprenariat.

Aux Etats-Unis, il y a même des lois qui facilitent la création d’une entreprise en 24 heures, à partir de l’Internet. Les institutions judiciaires américaines sont là pour protéger le droit d’auteur et promouvoir le respect transparent et équitable des contrats commerciaux. Il existe aussi des programmes visant l’accès aux financements, particulièrement pour les femmes et les minorités. Enfin, le code des impôts des Etats-Unis offre des avantages qui soutiennent l’émergence de nouveaux entrepreneurs.

A partir de ces exemples, il est clair que pour faciliter l’éclosion de la créativité et du potentiel des jeunes dans ce pays, le Gouvernement camerounais doit créer un climat économique favorable.

Malgré des progrès récents, je dois dire que l’environnement des affaires au Cameroun continue de présenter de nombreuses difficultés. A titre d’exemple,

  • Il faut 5 formalités différentes et 15 jours pour créer une entreprise au Cameroun ;
  • Il faut 11 formalités et 147 jours pour obtenir un permis de bâtir ;
  • Il faut 5 formalités et 93 jours pour enregistrer un bien immobiler ;
  • Les jeunes entrepreneurs n’ont pas d’accès aux financements pour lancer leurs entreprises ;
  • Au Cameroun, certaines sociétés doivent payer en moyenne 44 impôts différents par an. En plus il leur faut 654 heures de travail ou 27 jours par an, pour remplir les différentes fiches des services des impôts ; et
  • Enfin et surtout, il faut aussi faire face aux pots de vins et beaucoup d’autres formes insidieuses de corruption pour accélérer toutes ces démarches administratives.

Ce n’est pas tout. L’environnement des affaires au Cameroun a d’autres maux encore plus chroniques :

  • Le mauvais état des infrastructures telles que les routes et le rationnement de l’électricité et de l’eau sont devenus des contraintes incontournables ; et
  • L’accès à l’Internet est faible et se limite aux grandes villes. A une époque où Internet redéfinit la compétitivité des entreprises, le taux d’accès à Internet se limite à 5%  au Cameroun.

Dans ce contexte, l’amélioration du climat des affaires doit devenir une priorité afin d’attirer le plus grand nombre d’investisseurs au Cameroun. Je félicite le Gouvernement camerounais pour les mesures prises dans ce sens. Je me réfère ici aux mesures suivantes :

  • La création d’un Ministère chargé des petites et moyennes entreprises qui a pour but la promotion de celles-ci ;
  • La création du guichet unique des formalités d’entreprises qui simplifie la complexité des procédures administratives pour la création des entreprises ;
  • Le lancement des grands projets d’infrastructures qui visent à améliorer le réseau routier et la fourniture d’électricité ; et
  • La lutte contre la corruption, notamment avec la création de la Commission Nationale Anti-Corruption (CONAC), ainsi que l’arrestation et l’inculpation des personnes coupables d’actes de corruption.

Ces mesures sont positives mais si le Cameroun veut véritablement attirer les investisseurs et éviter l’exode des jeunes, il faut améliorer tous les facteurs qui paralysent l’entreprenariat. Je tiens à rappeler que le Cameroun est dans la mouvance de la mondialisation et de la compétitivité internationale dans laquelle les investisseurs ont tendance à choisir les pays qui offrent les meilleures conditions pour les enterprises.

Cela dit, dans le cadre des efforts supplémentaires à faire en vue de l’amélioration du climat des affaires, j’exhorte le Gouvernment du Cameroun à envisager les points suivants:

  • La réforme du système judiciaire:  L’entreprenariat ne peut pas prospérer sans un système judiciaire indépendant. Les entrepreneurs et les banques doivent pouvoir compter sur le respect et l’exécution des contrats commerciaux, la protection du droit d’auteur, et la résolution rapide et équitable des conflits commerciaux ;
  • J’exhorte le Gouvernement à payer, et de manière régulière, les arriérés dus aux PMEs pour services et prestations rendus à l’Etat afin d’augmenter leur liquidité ;
  • Le Gouvernement doit inciter les banques à offrir des financements aux PMEs afin de booster la création d’emplois ; et
  • Le Gouvernement doit créer des centres de « pépinières d’entreprises », où les jeunes créateurs peuvent se rencontrer et échanger les idées.

Si le Gouvernement du Cameroun s’engage davantage à améliorer le climat des affaires, le Cameroun verra une augmentation du nombre d’investisseurs, qui contribueront à la transformation des nombreuses ressources naturelles de ce pays et, à terme, à la réduction de la pauvrété.

Chères étudiantes, chers étudiants, avant la fin de vos études et avant le début de votre vie professionnelle, je vous exhorte à envisager la création de votre propre entreprise dans le secteur formel. Je vous exhorte à transformer vos micro-initiatives en micro-entreprises. Mais avant de vous lancer, vous devez suivre les étapes suivantes :

  1. Consignez vos idées dans un document et transformez-le formellement en business plan ;
  2. Conduisez une enquête commerciale sur vos idées, services ou produits ;
  3. Créez un Groupe d’Initiative Commune (GIC) avec vos camarades ;
  4. Explorez toutes les formes de financement, y compris dans vos familles et dans les tontines ; et
  5. Ne visez pas un profit rapide car l’entrepreneur doit créer des idées pérennes.

Chères étudiantes et chers étudiants, soyez ambitieux. Visez les secteurs économiques émergents ou négligés et essayez d’apporter des solutions locales aux problèmes et aux préoccupations des Camerounaises et Camerounais. Le potentiel économique du Cameroun et des pays voisins est énorme. 

Si chacune ou chacun de vous crée sa propre entreprise et recrute deux ou trois personnes et si vous et vos amis développez cette entreprise en créant des centaines d’emplois, imaginez l’impact sur le Cameroun.

Prenez des initiatives. N’ayez pas peur. L’esprit d’entreprise sommeille en vous. Reveillez-le.

Peut-être bien que le prochain Bill Gates, Steve Jobs ou Mark Zuckerberg viendra du Cameroun.

Je vous remercie.