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Discours Ambassadeur Jackson

Mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles doit être une priorité mondiale

La violence contre les femmes et les filles est une réalité au Cameroun tout comme aux États-Unis et dans toute autre nation du monde. Il s’agit d’une pandémie mondiale qui transcende les clivages ethniques, raciaux, socio-économiques et religieux. Elle ne connaît pas de frontières.

La violence sexospécifique n'est pas seulement une question économique ou de genre. Elle touche aux droits humains internationaux et à la sécurité nationale. Il nous faut adopter des lois pour criminaliser de tels actes, et nous devons rigoureusement appliquer ces lois afin de tenir les gens responsables, l'impunité contribuant trop souvent à alimenter la violence. La campagne mondiale « 16 jours d'activisme contre la violence faite aux femmes », qui a débuté le 25 novembre, nous offre à tous l'occasion de renouveler notre engagement à œuvrer pour mettre fin à toute forme de violence à l'égard des femmes et des filles, que cette violence se passe à huit clos ou qu’elle soit utilisée comme une tactique publique d'intimidation. Dans notre propre voisinage tout comme sur des rivages lointains, la violence contre les femmes et les filles est préjudiciable à tous, hommes et femmes confondus. Comme l’a si bien déclaré la Secrétaire d’Etat, Mme Clinton : «Il est temps pour nous tous d'assumer notre responsabilité d'aller au-delà de la condamnation de ces comportements, et de prendre des mesures concrètes pour y mettre fin, de les rendre socialement inacceptables, de reconnaître qu'ils ne sont pas culturels, mais criminels ».

De nombreuses organisations de défense des droits humains estiment que beaucoup de Camerounaises souffrent d'une forme silencieuse, mais perfide de violence : pratiques traditionnelles néfastes telles que les mariages précoces et les mariages forcés, les rites de veuvage, la préférence pour les garçons, les restrictions alimentaires et les mutilations génitales féminines / excisions. Enracinées dans les milieux traditionnels, ces pratiques sont, dans de nombreux cas, socialement acceptables et considérées comme une partie intégrante du mode de vie camerounais. On estime que chaque femme au Cameroun est victime d'au moins une de ces formes de violence durant sa vie. En outre, la violence conjugale est aussi l'une des formes les plus courantes au Cameroun, représentant près de 80% des cas.

Malheureusement, c'est pendant les crises humanitaires et les situations d'urgence, telles que les inondations survenues récemment au Cameroun dans les régions du Nord, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, que les femmes et les enfants sont souvent les plus vulnérables à l'exploitation, à la violence et aux mauvais traitements, en raison notamment de leur sexe, de leur âge et de leur statut social. Cet état de choses contribue à accroître leur exposition à certaines maladies graves - problèmes de reproduction, fausses couches et maladies sexuellement transmissibles. Des études indiquent que le risque d’infection à VIH chez les femmes ayant subi des violences pourrait être jusqu'à trois fois plus élevé que chez les autres femmes.

Nous devons tous travailler ensemble, la communauté internationale, les gouvernements, les organisations multilatérales, et les acteurs locaux, pour combattre et prévenir la violence. De nombreux pays ont adopté des législations contre la violence d’origine sexiste. La prochaine étape critique consiste à travailler main dans la main pour améliorer la mise en œuvre de ces lois afin de tenir davantage les gens responsables de leurs actes et lutter contre l'impunité. Nous avons besoin d'une sensibilisation accrue et d’une plus grande interaction entre les décideurs et les acteurs de terrain. Nous devons aider les filles à se défendre elles-mêmes, et éduquer les garçons à défendre les intérêts de leurs sœurs. Nous devons mettre à contribution les hommes, les garçons, et d'autres acteurs clés au niveau local-comme les chefs religieux- pour combattre la violence, la prévenir et changer les attitudes sexistes. Nous devons en fin de compte surmonter les inégalités entre les sexes, qui sont profondément enracinées, et qui permettent tacitement ou encourage activement la violence et les pratiques discriminatoires.

Le Gouvernement du Cameroun, à travers le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille, a mis en place des programmes de sensibilisation nationale sur la violence contre les femmes. Des groupes de travail sur la violence sexiste organiseront cette année des marathons, des tables rondes, et des sessions de formation à l’intention des chefs traditionnels et des organisations de la société civile.

Les Etats-Unis ont renforcé leurs efforts de lutte contre la violence sexiste dans le monde entier, au moyen notamment d’un certain nombre de mesures : le  nouveau Plan d'action national sur les femmes, la paix et la sécurité ; l’initiative visant à intensifier la lutte contre la violence sexiste (Gender-based Violence Scale-Up Initiative) et l'évaluation du Plan d'urgence du Président pour la lutte contre le sida (PEPFAR) ; les interventions de la cellule présidentielle de haut niveau chargée de la surveillance et de la lutte contre la traite des personnes (President’s Interagency Task Force to Monitor and Combat Trafficking in Persons) ; et les efforts  menés pour intégrer la lutte contre la violence sexiste dans les programmes humanitaires.

Les Etats-Unis ont fait de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes une préoccupation centrale de leur politique étrangère. Aucun pays ne peut progresser si la moitié de sa population est marginalisée, maltraitée et soumise à des pratiques discriminatoires. Lorsque les femmes et les filles vivent à l'abri de la violence et bénéficient de l'égalité de chances en matière d'éducation, de santé, d'emploi et de participation à la vie politique, elles améliorent la situation de leurs familles, de leur collectivité et de leurs nations, devenant ainsi la locomotive du progrès. Comme l’a déclaré la Secrétaire d’Etat, madame Clinton : «Investir dans le potentiel des femmes et des filles du monde est l'un des moyens les plus sûrs pour réaliser le progrès économique, la stabilité politique et une prospérité accrue pour les femmes - et les hommes - du monde entier ».

Robert P. Jackson
Ambassadeur des Etats-Unis.