15 mars 2011
Washington - Quoique doté de terres fertiles et arrosé par d'importants cours d'eau, le Mozambique vit principalement d'aliments importés, en provenance surtout de l'Afrique du Sud voisine. Or, ces importations ne sont pas à la portée de toutes les bourses.
Stimuler la production vivrière, tel est le pari d'une collaboration entre l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), l'Agence de coopération brésilienne et le gouvernement mozambicain.
Ce projet est le premier du genre entre les États-Unis et le Brésil en faveur d'un pays tiers. « Nous souhaitons en faire un modèle de coopération », affirme Christopher Foley, agent de l'USAID au Brésil. « Il réunit ce que le Brésil et les États-Unis offrent de meilleur en agronomie et en vulgarisation agricole. »
Deux éléments nouveaux figurent depuis janvier au programme. Le premier apprend aux agriculteurs à accroître leurs rendements et, partant, leur vente de légumes, dont le prix au détail devrait diminuer grâce à la réduction des frais de transport.
L'accroissement des revenus des agriculteurs et l'offre de produits nutritifs à moindre coût aux consommateurs seraient une double aubaine, a dit Walter Brown de l'université de Floride, l'un des partenaires universitaires du projet. Le Mozambique produit une bonne variété de légumes : tomates, oignons, poivrons, choux, laitue, pommes de terre et patates douces.
Dès mai, des agronomes américains et brésiliens (détachés d'Embrapa, la Société brésilienne de recherche agricole) formeront des agriculteurs et des agronomes mozambicains, qui à leur tour enseigneront aux petits cultivateurs les méthodes améliorées de production, de manutention et de commercialisation, a indiqué M. Bowen.
Le goutte-à-goutte remplacera l'irrigation intensive au sillon. L'emploi d'engrais et de nutriments organiques sera amélioré et on apprendra à moins abîmer les produits lors de leur récolte et de leur transport au marché. Enfin, le commerçant présentera son étal de manière attrayante, de manière à maximiser ses ventes.
Selon M. Bowen, on introduira aussi des semences brésiliennes qui donneront des plantes adaptées aux tropiques, à meilleur rendement et résistantes aux nuisances.
Le programme se situera dans le sud du Mozambique, où les terrains sont bons et où la présence de Maputo, la capitale, garantira une clientèle nombreuse, a ajouté David Tschirley, de l'université partenaire de Michigan State.
Second volet du programme : améliorer l'ordinaire des cantines scolaires grâce à l'achat de produits locaux, ce qui assurera un marché de plus aux agriculteurs. Pour cela, a dit M. Foley, on s'inspirera de programmes très réussis au Brésil, où la malnutrition a bien reculé ces dernières années grâce au programme national de cantines. Celui-ci n'emploie que des produits locaux afin d'encourager les élèves à rester à l'école en sachant qu'au moins un bon repas par jour les attend. Le Mozambique bénéficiera du concours précieux du Fonds national du développement de l'éducation au sein du ministère brésilien de l'éducation.
Par ailleurs, les partenaires américains joignent leurs efforts à ceux d'Embrapa et d'autres grands centres internationaux de recherche agronomique, tels le Centre international de la pomme de terre au Pérou et l'institut international d'agriculture tropicale au Nigéria, en vue d'accélérer le transfert de techniques de production agricole à l'institut de recherche agronomique du Mozambique. Il s'agit notamment d'élaborer des variétés de semences améliorées et de les mettre à la disposition des exploitants, qu'ils cultivent des produits de base ou des oléagineux et des légumineuses.
John McMahon, de la mission de l'USAID au Mozambique, a précisé que les experts américains et brésiliens guidaient l'institut mozambicain tandis qu'il cherchait à se doter de la capacité d'assurer la planification, le suivi et l'évaluation de ses travaux de recherche. Ils l'aident ainsi à rédiger de la documentation relative aux activités de vulgarisation ainsi qu'à recourir aux associations de cultivateurs, aux agents de vulgarisation des secteurs public et privé et à la technologie (radio, télévision et Internet) pour diffuser des informations sur les nouvelles technologies et pratiques parmi les cultivateurs.
Les chercheurs demandent aux petits exploitants quelles sont les technologies qui répondent le mieux à leurs besoins et ils les font participer, eux et les agents de vulgarisation, aux essais en plein champ.
Vers le milieu de l'année 2009, a rappelé M. McMahon, quand les États-Unis et le Brésil ont commencé à envisager les contours de leur coopération en recherche agronomique, les Brésiliens se sont interrogés sur la meilleure manière d'apporter une aide décisive au Mozambique.
« Avec les centres internationaux de recherche et un institut du calibre d'Embrapa, c'est une somme colossale de connaissances, de technologies, de pratiques et de matériel génétique que l'on peut apporter au Mozambique aux fins de recherche, de validation et de mise à la disposition des cultivateurs », a-t-il affirmé.
Le Mozambique est l'un des pays visés par l'Initiative alimentaire pour l'avenir (la stratégie du gouvernement américain dite « Feed the Future »), qui vise à s'attaquer à la faim dans le monde. Les États-Unis comptent sur la participation stratégique du Brésil à cet égard, a déclaré M. McMahon.
(Les articles du site «America.Gov» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)