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01 novembre 2010

Après les périls d'une odyssée de 10 ans, une vie nouvelle s'ouvre pour un réfugié

Entretien

 
Portrait de Janvier Tuyishime (Photo offerte par Mike Fender)
Janvier Tuyishime a échappé à la violence ethnique dans son Rwanda natal, qu'il a fui en 1999 à l'âge de 33 ans. Il vit aujourd'hui à Indianapolis (Indiana).

Janvier Tuyishime s'est enfui de chez lui, au Rwanda, pour un périple qui l'a mené de l'Afrique de l'Ouest à la Belgique, puis aux États-Unis où il est arrivé en 2009. Il parle de ce voyage de 10 ans, de l'existence de sans-abri qu'il a vécue, de ses quatre ans passés dans un camp de réfugiés et de sa nouvelle vie aux États-Unis.

La transcription ci-dessous combine des propos tenus par Janvier Tuyishime lors d'une interview et des extraits de ses messages électroniques.

Question - Quand avez-vous quitté le Rwanda ?

Janvier Tuyishime - Je suis parti du Rwanda en 1999.

Question - Pourquoi avez-vous quitté le Rwanda ?

Janvier Tuyishime - Après le génocide de 1994, les extrémistes hutus se sont réfugiés en RDC [République démocratique du Congo]. En 1994, les génocidaires avaient détruit ma maison, mais je l'avais reconstruite. En 1999, les génocidaires hutus sont revenus au Rwanda pour tuer davantage de Tutsis. Ils sont venus chez moi, ils ont défoncé la porte, mais j'ai pris la fuite en sautant par une fenêtre pour ne pas me faire tuer. Je suis parti seul et j'ai fui jusqu'à Kigali. Je ne suis jamais revenu.

Question - Où êtes-vous allé ?

Janvier Tuyishime - Je suis allé de Kigali au Togo, et de là en Belgique. Je suis resté au Togo pendant un an, chez des amis togolais qui m'ont caché. J'ai passé un mois en Belgique, dans un centre pour immigrants clandestins et réfugiés, et je me suis fait déporter.

Question - Comment avez-vous réagi quand vous avez été déporté ?

Janvier Tuyishime - Oh, j'ai été très, très, très, très triste. Très triste. C'est difficile à décrire, ce genre de situation.

Question - Combien de temps êtes-vous resté au Togo et qu'est-ce qui vous est arrivé là ?

Janvier Tuyishime - J'ai été au Togo 9 jours. Quand je suis arrivé, la gendarmerie m'a arrêté et mis en prison. On m'a dit que je n'étais pas un immigrant légal et j'ai passé 90 jours en prison.

J'ai été torturé et je devais dormir par terre, dans une cellule surpeuplée au point qu'il n'y avait pas assez de place pour s'allonger. Il y avait un tas de moustiques et quand il pleuvait, la pluie entrait par la fenêtre. Je ne pouvais pas prendre de douche et il n'y avait pas de toilette, rien qu'un seau et pas de papier hygiénique. La situation était très mauvaise. Quelquefois, les gardiens me frappaient et j'avais attrapé une maladie de peau.

On avait très peu à manger, et une fois par jour seulement. J'étais très faible et la gendarmerie a déclaré qu'ils ne voulaient plus s'occuper de moi. On m'a menotté, mis dans une voiture et amené à la frontière entre le Togo et le Ghana. L'officier m'a donné un papier à signer, qui disait que si jamais je revenais au Togo, je serais arrêté et déporté, renvoyé au Rwanda. J'ai signé. On m'a enlevé les menottes et on m'a envoyé de l'autre côté de la frontière, au Ghana.

Question - Que s'est-il passé ensuite ?

Janvier Tuyishime - [Je suis arrivé] au HCR [Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés] dans la capitale, Accra. Je n'avais nulle part où me loger et pas de travail. En mai 2002, le HCR m'a accepté au centre de transit d'Accra. En janvier 2005, j'ai été transféré au camp de réfugiés de Krisan, toujours au Ghana, et je suis resté là jusqu'en mars 2009.

Question - Quelles étaient les conditions de vie au camp de réfugiés ?

Janvier Tuyishime - La vie était très difficile ; il n'y avait pas d'installations. L'eau n'était pas potable et le sol était aussi très pauvre, ce qui fait que nous ne pouvions pas le cultiver. Et nous n'avions pas beaucoup à manger. Les rations alimentaires n'étaient pas suffisantes et nous avions très faim. Il y avait des infections et des maladies, un désespoir profond et le traumatisme était extrêmement dur. Les gens se faisaient mordre par des serpents et piquer par des scorpions, et il y avait beaucoup d'autres misères. J'avais perdu l'espoir. C'est une histoire aussi longue que difficile.

Question - Où vouliez-vous aller ?

Janvier Tuyishime - J'aimais l'Amérique et c'est là que je voulais aller. L'Amérique est le pays des opportunités, le pays où on peut recommencer sa vie et être libre. C'est une très très grande nation et il y a un grand nombre de possibilités de revivre et de reconstruire. Les gens sont très bons, généreux et accueillants. Je savais cela et j'aimais l'Amérique.

Question - Comment s'est déroulé le processus qui vous a amené aux États-Unis ?

Janvier Tuyishime - J'ai eu la chance de rencontrer des Américains à l'ambassade des États-Unis à Accra et le HCR leur a donné mon dossier, soit en 2007 soit en 2008. Pendant deux ans, il y a eu des entrevues, une visite médicale et une orientation, et après cela le départ. Le personnel de l'ambassade a été vraiment très bien et m'a beaucoup soutenu.

Question - Quels étaient vos sentiments le jour de votre départ pour l'Amérique ?

Janvier Tuyishime - Je me suis senti sauvé. J'étais très, très heureux.

Question - Où êtes-vous arrivé ? Qui vous a rencontré à l'aéroport ?

Tuyishime en compagnie d'un collègue (Photo offerte par Mike Fender)
Janvier Tuyishime, ici avec l'un de ses collègues, est employé par United Home Healthcare ; il déclare que son emploi l'a aidé « à se refaire une vie aux États-Unis ».

Janvier Tuyishime - Je suis arrivé à Indianapolis. Des gens de l'organisation locale qui me parrainait, Exodus Immigration, m'attendaient à l'aéroport, des gens très bien, très gentils.

Question - Quel est votre premier souvenir de la vie aux États-Unis ?

Janvier Tuyishime - C'était l'euphorie. Je me sentais très, très heureux d'être là. Le bonheur total.

Question - Qu'avez-vous fait après l'aéroport ?

Janvier Tuyishime - Ils m'ont amené à mon nouveau logement et m'ont montré ma maison, et puis ils m'ont emmené tout de suite faire des courses pour acheter à manger.

Question - Quels sentiments avez-vous éprouvés ce premier jour dans votre maison ?

Janvier Tuyishime - J'avais l'impression d'être au paradis.

Question - Est-ce que vous parliez l'anglais avant de venir aux États-Unis ? Est-ce que vous aviez un interprète d'Exodus ?

Janvier Tuyishime - Je ne parlais pas beaucoup l'anglais. Il y avait quelqu'un qui connaissait le français mais qui parlait un anglais simple et nous nous efforcions de nous comprendre. Il faisait l'effort de me parler et je faisais l'effort de deviner ce qu'il disait ; il n'était pas difficile à comprendre. Et puis immédiatement, Exodus m'a fait suivre des cours d'anglais. Les professeurs étaient expérimentés, actifs ; c'étaient des bons enseignants.

Question - Est-ce qu'Exodus vous a aidé à trouver un emploi ?

Janvier Tuyishime - Oui, en l'espace d'un mois, j'étais au travail, en tant que jardinier paysagiste pour une entreprise.

Question - Quelles sont certaines des difficultés auxquelles vous vous êtes heurté ?

Janvier Tuyishime - Uniquement des difficultés de langue. Le peu d'anglais que j'avais appris en Afrique est très différent de l'anglais américain. J'avais des problèmes d'accent et de prononciation. Il y avait des gens qui parlaient très vite et qui n'étaient pas facile à suivre. Mais je n'ai eu aucun problème avec la culture, parce que je suis très flexible.

Question - Comment trouvez-vous votre vie actuelle, par comparaison au moment où vous êtes arrivé ?

Janvier Tuyishime - La différence, c'est que j'acquiers maintenant une certaine maturité. À mon arrivée en Amérique, j'étais nouveau et c'est maintenant seulement que j'ai le sentiment d'avoir refait ma vie. J'étais quelqu'un quand je suis arrivé en Amérique, mais j'ai plus conscience d'être quelqu'un aujourd'hui. Je sens que je suis un élément actif de la nation. J'éprouve un sentiment de fraternité avec les gens. Je me sens chez moi.

Question - Selon vous, pourquoi avez-vous opéré cette transition et pourquoi avez-vous le sentiment de faire partie de l'Amérique ?

Janvier Tuyishime - Les gens m'ont accueilli, m'ont aidé et j'ai pu me construire une vie sociale. Les Américains m'ont intégré dans la société américaine. J'ai rencontré des gens très bons qui m'ont aidé. J'ai pu trouver un emploi et obtenir mon certificat d'agent de soins de santé à domicile grâce à mes connaissances et grâce aux gens qui m'ont aidé. Je suis très, très heureux.

Question - Qui sont les gens qui vous ont aidé ? Comment vous ont-ils accueilli et qu'ont-ils fait pour que vous vous sentiez chez vous ?

Janvier Tuyishime - Ce sont des gens d'Exodus et des gens que j'ai rencontrés à l'église. Il y a des gens qui m'ont invité à dîner chez eux, et pour Noël et Thanksgiving. Il y a des gens qui m'ont invité à des sorties en groupe et à découvrir la campagne de l'Indiana. Il y en a qui m'ont invité à des activités organisées par l'église. Il y a des gens qui m'ont rendu visite chez moi, qui m'ont téléphoné pour bavarder, qui m'ont envoyé des courriels, qui m'ont fait des cadeaux. Ils m'ont aidé à trouver un emploi. Ils m'ont aidé à refaire ma vie. Les gens d'Exodus m'ont emmené à des visites médicales, à des entrevues d'emploi et à l'auto-école.

Question - Que pensez-vous de votre vie à Indianapolis ?

Janvier Tuyishime - Je l'aime beaucoup. C'est très agréable. Je suis très heureux. J'aime l'énergie américaine. J'aime les gens et j'aime la culture. J'aime tout en Amérique.

Question - Que faites-vous comme métier ?

Janvier Tuyishime - Je suis maintenant aide de soins de santé à domicile. Je travaille chez United Home Healthcare. J'aide les patients. J'aime beaucoup ce que je fais. J'ai un certificat d'aide-infirmier et un certificat d'aide de soins de santé à domicile. Le personnel de United Home Healthcare est très gentil. Ce sont vraiment des humanitaires. Quand j'ai fait ma demande d'emploi, pendant l'entrevue sur ma vie et vu le fait que je suis nouvellement arrivé aux États-Unis, ils se sont inquiétés pour moi. Ils voulaient que je commence à travailler très vite pour refaire ma vie aux États-Unis. Et ils ont été très satisfaits de la qualité de mon travail et des services que je fournis aux clients. En raison de la qualité de mon travail, le personnel m'a soutenu et j'ai réussi à un examen, celui d'aide de soins de santé à domicile. J'ai maintenant deux certificats : celui-là, qui est délivré par les Services de santé de l'État de l'Indiana, et mon certificat d'aide-infirmier. Les membres du personnel m'apportent un grand appui.

Ils continuent à m'aider à progresser. Ils ont fait en sorte que j'aurai la nouvelle période de travail, où je pourrai faire plus d'heures de travail et gagner davantage. Je ferai 12 heures par jour, 60 heures par semaine ! Ce sera parfait quand je commencerai. Ça me plaît.

Question - Vous vous considérez comme un Américain ou comme un Rwandais ?

Janvier Tuyishime - Je me considère davantage comme un Américain. Je veux rester pour toujours en Amérique.

Pour écouter des extraits audio (en anglais) de l'interview de Janvier Tuyishime, consulter http://www.America.gov/refugees.html

(Diffusé par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://www.america.gov/fr/)

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