Sports | La quête de l'excellence

10 juin 2008

Tout le reste s'arrête

Les dernières foulées sont les plus marquantes et les plus pénibles, déclare une athlète roumaine.

 
Agrandissement
Gabriela Szabo en 2000
Gabriela Szabo franchit la ligne d'arrivée pour une victoire dans les 5.000 mètres, aux Jeux olympiques de Sydney. (© AP Images)

Lors des Jeux olympiques de 1996 et de 2000, la coureuse de fond roumaine Gabriela Szabo a remporté une médaille de bronze, une médaille d'argent et une médaille d'or - toute la collection, comme l'a déclaré l'un de nos collaborateurs. Les derniers instants d'une course victorieuse restent frais dans sa mémoire.

Dans une course de 5.000 mètres, ce n'est que dans les derniers 200 mètres que vous commencez à compter vos pas. On dirait que tout le reste s'arrête et que vous êtes la seule à bouger. Le son de votre respiration rivalise avec celui de vos pas et vous ne voyez plus les gens qui vous entourent. Soudain, la foule devient floue dans votre vision, c'est comme si on prenait une photo et qu'on faisait le point sur un seul objet et rien d'autre. Dans les derniers moments de la course, le seul objet au point est la ligne d'arrivée.

Les dernières foulées ne font pas partie d'une course normale. Vous courez pour remporter la victoire et cela vous donne la force et la vitesse nécessaires pour atteindre votre but.

J'aimerais pouvoir dire que je n'éprouve aucune douleur. Mais c'est impossible. Il s'agit d'ailleurs d'une douleur mitigée. Vos muscles sont endoloris mais votre esprit se concentre sur la victoire. Vous luttez contre ces forces qui palpitent en vous. Soudain, l'entraînement trouve toute sa justification. Ces moments durant lesquels vous poussiez votre corps à l'extrême ne semblent plus dénués de sens. Ils préparent votre corps pour la victoire !

Quand on me demande de décrire ce que je ressens dans une course, je me souviens de Sydney et mon histoire devient l'histoire de cette course de 5.000 mètres. Ce fut une course difficile, même si je ne peux pas dire qu'elle a été plus difficile que les autres. C'est peut-être que le fait qu'il s'agissait des Jeux olympiques qui la rendait spéciale, si bien que la victoire fut fantastique. Je ne sais pas si j'ai jamais été aussi fière d'être une athlète et de représenter la Roumanie. J'ai aimé le tour d'honneur le long de la piste, le drapeau sur mes épaules ! Et soudain, la douleur de ces cent derniers mètres a disparu.

J'avais commencé à courir dès l'âge de 13 ans. J'ai eu la chance de rencontrer mon entraîneur, Zsolt, qui deviendrait plus tard mon mari, et nous avons partagé l'effort de toutes ces courses. Si bien que durant toutes les périodes difficiles d'entraînement, quand je devais pousser mon corps à la limite de ses forces, je n'étais pas seule et je le savais au plus profond de moi-même.

J'ai quitté le sport en 2004 parce que je pensais ne plus pouvoir pousser mon corps. Mais je savais que j'avais une responsabilité envers les gens qui s'étaient réjouis de mes victoires en tant qu'athlète. Je suis maintenant présidente de la Fondation roumaine d'athlétisme et j'ai lancé une campagne sociale, « Le Sport pour la Vie », grâce à laquelle je tente de répandre la prise de conscience du sport et d'inciter les gens à courir dans la rue et sur les pistes. Je passe aussi beaucoup de temps dans les écoles, où je dis aux enfants qu'il est bon de pratiquer un sport et que courir peut apporter beaucoup de plaisir.

Je leur raconte ce que j'ai appris pendant toutes ces années consacrées à l'athlétisme. Le sport m'a appris à me fixer des objectifs et à travailler avec acharnement pour les atteindre. La course m'a appris ce qu'est le succès et Sydney a fait partie de cette leçon. J'ai aussi découvert ce qu'est l'échec. Heureusement, je savais qu'après l'un et l'autre, il me fallait travailler plus dur qu'auparavant.

J'espère partager ma passion pour le sport avec tous les gens que je rencontre et avec qui je m'entretiens. Il est très intéressant de voir comment ils découvrent le sport et le plaisir qu'il leur cause. J'aime particulièrement les enfants et la façon dont ils conçoivent le sport comme un jeu. Je veux m'assurer qu'ils continueront à penser que le sport est un plaisir, si bien que, lorsqu'ils grandiront, ils ne cesseront pas de le pratiquer.

Et si un seul enfant devient un champion, je saurai que mes efforts n'auront pas été vains !

Légendes :

PDF : Gabriela Szabo franchit la ligne d'arrivée pour une victoire dans le 5.000 mètres, aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000. Elle dit de cet instant : « Le bruit de votre respiration rivalise avec celui de vos pas. »

Gabriela Szabo en 2001
Gabriela Szabo aux championnats du monde d'athlétisme de 2001, le drapeau national de son pays en main. (© AP Images/Amy Sancetta)

 

PDF : Aux championnats mondiaux d'athlétisme de 2001, Gabriela Szabo fait un tour de piste victorieux, le drapeau national de son pays en main, après avoir remporté la médaille d'or au 1.500 mètres.

 

PDF : Gabriela Szabo fait admirer la médaille d'or qu'elle a reçue au 5.000 mètres, aux Championnats du monde de l'Association internationale de la Fédération d'athlétisme, en 1999.

(©) Jerry Lampen/Reters/CORBIS

Bio-express de Gabriela Szabo

Date de naissance : 14 novembre 1975

Lieu de naissance : Bistrita (Roumanie)

Championne olympique roumaine

• 1996 Atlanta : Médaille d'argent - athlétisme féminin, 1.500 mètres

• 2000 Sydney : Médaille d'or - athlétisme féminin, 5.000 mètres ; médaille de bronze - athlétisme féminin, 1.500 mètres

Nommée meilleure sportive européenne en 1999 par l'Union européenne de la Presse sportive

Championnats du monde extérieur : 2001 Edmonton, 1.500 mètres ; 1999 Séville, 5.000 mètres ; 1997 Athènes, 5.000 mètres.

Record d'Europe en salle du 3.000 mètres.

Actuellement, Gabriela Szabo est vice-présidente de la Fédération roumaine d'athlétisme.

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