Droits de l'homme | La défense de la dignité humaine

04 décembre 2008

Le monde doit mettre fin en priorité au travail des enfants

eJournal USA : L'abolition des pires formes du travail des enfants

 
Fabrique de ballons gonflables au Bangladesh
Des enfants bangladais chauffent et remuent du caoutchouc liquide dans une usine de ballons gonflables à Kamrangir Char (Bangladesh).

M. Steven Law était vice-ministre du travail des États-Unis.

Des millions d'enfants dans le monde sont pris au piège de travaux abrutissants et d'une valeur économique minime qui leur permettent tout juste de survivre, mais qui compromettent la créativité et le potentiel de vastes groupes de futurs travailleurs. Si l'objectif immédiat consiste à soustraire les enfants aux pires formes de travail, d'autres interventions sont nécessaires pour garantir que les enfants et leur famille disposent de moyens de subsistance véritables et durables qui empêchent les enfants de retomber dans des situations dangereuses et dans l'exploitation.

 

Les États-Unis jouent un rôle de premier plan dans la lutte internationale contre l'exploitation des enfants par le travail et dans la promotion de l'instruction des enfants qui ont cessé de travailler. Ils sont le principal bailleur de fonds du Programme international pour l'abolition du travail des enfants de l'Organisation internationale du travail (OIT). Depuis 1995, ils ont versé environ 255 millions de dollars dans le cadre de projets d'assistance technique. Le renforcement de capacités est un aspect essentiel de la viabilité à long terme des projets de lutte contre le travail des enfants. Lorsque les capacités des dirigeants et des institutions à l'échelle nationale et locale sont renforcées, l'action nationale contre le travail des enfants a de meilleures chances de succès.

Chroniqueur du quotidien « The New York Times », Thomas Friedman a écrit un livre passionnant intitulé « The World is Flat » (Le monde est plat), dans lequel il montre que les mutations dues aux technologies, les circuits mondiaux d'approvisionnement et la délocalisation des emplois ont « aplati » le monde moderne. Ces phénomènes ont considérablement réduit le prix de revient de nombreux biens et services, mais ont aussi accru l'importance des investissements en matière de valorisation des ressources humaines : il faut veiller à ce que les travailleurs actuels et futurs reçoivent la formation dont ils ont besoin pour pouvoir faire face à la concurrence dans une économie mondiale de plus en plus complexe.

Il est tragique de constater que plus de 200 millions d'enfants n'ont aujourd'hui aucun espoir de bénéficier de cette économie mondiale dynamique parce qu'ils sont pris au piège d'une situation dégradante et sans issue : le travail des enfants. Bon nombre de ces enfants, qui ont entre 5 et 14 ans, travaillent dans des conditions relevant de l'exploitation, notamment après avoir été enlevés par des groupes armés pour servir de soldats ou en étant vendus dans le cadre de l'exploitation sexuelle à des fins commerciales et exposés à des risques et à des maladies extrêmement graves. Des centaines de millions d'enfances sont brisées par des travaux abrutissants d'une valeur économique minime qui permettent tout juste de survivre et qui compromettent la créativité et le potentiel de vastes groupes de futurs travailleurs.

LE RÔLE DU GOUVERNEMENT DES ÉTATS-UNIS

La lutte contre le travail des enfants a pris une nouvelle dimension en 1999 avec l'adoption de la convention no 182 de l'Organisation internationale du Travail sur les pires formes de travail des enfants. La convention recense les pires formes de travail des enfants, qui comprennent la servitude pour dettes, le trafic des stupéfiants, la prostitution et d'autres travaux qui font peser de lourdes menaces sur la santé, la sécurité et le bien-être des enfants. Elle exige des États qui l'ont ratifiée qu'ils prennent des mesures immédiates et réelles pour supprimer ces formes de travail des enfants sur leur territoire. Le gouvernement des États-Unis a joué un rôle actif dans l'adoption de la convention et, en date de mars 2005, 153 pays l'avaient ratifiée ; il s'agit là de la ratification la plus rapide d'une convention de l'OIT en ses 82 ans d'existence.

Avant même l'adoption de la convention no 182, les États-Unis avaient commencé à prendre d'importantes mesures en vue de mettre fin au travail des enfants. Le Programme international de lutte contre le travail des enfants (ICLP) du ministère du travail des États-Unis a été créé en 1993 en vue d'étudier ce problème dans le monde et d'en rendre compte. Au fil des ans, ce programme a permis d'approfondir les connaissances des questions ayant trait au travail des enfants, et sa gamme d'activités s'est très fortement développée. Les recherches et les comptes rendus sur le travail des enfants dans le monde au service de la politique étrangère, de la politique commerciale et des programmes de développement des États-Unis restent les principales fonctions de ce programme. La sensibilisation de la population des États-Unis au travail des enfants dans le monde est également aujourd'hui une composante importante de ce programme. Par exemple, en mai 2003, la ministre du travail, Mme Elaine Chao, a accueilli des représentants de divers pays à une conférence intitulée « Les enfants sous les tirs croisés : prévention et réinsertion des enfants soldats », qui a attiré l'attention sur la situation scandaleuse des enfants soldats dans les conflits armés.

C'est peut-être dans le cadre des projets d'assistance technique internationale du ministère du travail que l'on a obtenu les résultats les plus spectaculaires. Depuis 1995, l'ICLP a financé, dans environ 70 pays et à concurrence de 400 millions de dollars, des projets d'assistance technique visant à sauver des enfants des pires formes de travail, à assurer leur réinsertion sociale et à leur fournir des possibilités d'instruction.

LA NÉCESSITÉ D'INTERVENTIONS EFFICACES

Stephen Law et des écoliers indiens
Le vice-ministre Law rencontre des enfants d'une école transitionnelle pour les enfants forcés à travailler à Kanchipuram (Inde).

Pour venir à bout du travail des enfants, il faut bien comprendre les facteurs qui forcent les enfants à effectuer des formes de travail inadéquates, ainsi que les interventions efficaces adaptées à tel ou tel contexte socioculturel et économique particulier. Du fait de la complexité du problème, la plupart des projets du ministère du travail font appel à de multiples interventions intégrées. La volonté de soustraire les enfants aux pires formes de travail est au cœur de chaque projet, mais d'autres interventions sont nécessaires pour garantir que les enfants et leur famille disposent de solutions véritables et viables qui empêchent les enfants de retomber dans des situations dangereuses et dans l'exploitation.

L'expérience du ministère du travail confirme que seules des approches globales de la lutte contre le travail des enfants sont susceptibles de donner des résultats satisfaisants à long terme. Chaque intervention efficace s'appuie sur des recherches approfondies. C'est pourquoi le programme ICLP finance plusieurs projets visant à déterminer la fréquence et la nature du travail des enfants dans le monde. Ces projets donnent aux pouvoirs publics, aux organisations internationales et au public des données quantitatives et qualitatives fiables portant sur la nature et l'étendue du travail des enfants ainsi que sur ses liens avec l'éducation, le sexe et d'autres facteurs. La collecte de données constitue également une base à partir de laquelle on peut préparer d'autres interventions et évaluer leur efficacité.

L'intégration au sein des projets d'activités de sensibilisation de la population constitue un autre aspect important des programmes destinés à mettre fin au travail des enfants. Par exemple, une campagne de sensibilisation visant à informer les parents, les organisations locales, les responsables locaux et les médias des dangers que présente le travail des enfants et de ses effets négatifs à long terme sur l'économie locale peut contribuer à convaincre la population et favoriser le succès du projet.

De toute évidence, l'offre d'un enseignement de qualité est l'une des interventions les plus efficaces. Une fois que les enfants ont été soustraits à la situation dans laquelle ils travaillaient, un enseignement de base constitue une porte de sortie et leur donne les compétences et connaissances nécessaires à l'obtention d'un emploi non dangereux et mieux rémunéré à l'avenir. En collaboration avec les enfants, le personnel du projet du ministère du travail détermine leurs besoins éducatifs, par exemple en matière d'éducation de type scolaire, d'éducation non traditionnelle ou de formation technique. Ces diverses possibilités sont importantes : si certains enfants qui ont arrêté de travailler sont prêts à aller à l'école, d'autres peuvent avoir besoin de passer un certain temps dans un cadre éducatif de transition, non scolaire, avant d'intégrer le système officiel. Quel que soit le type d'intervention, les projets suivent l'inscription des enfants à des programmes éducatifs et l'achèvement de ces programmes. De nombreux projets portent non seulement sur la participation scolaire des enfants, mais également sur la qualité de l'enseignement. Parmi les interventions visant à améliorer la qualité de l'enseignement figurent la formation d'enseignants, l'élaboration de matériel pédagogique et de nouvelles méthodes de présentation du matériel.

AU-DELÀ DE L'ÉDUCATION

Outre l'éducation, de nombreux enfants ont besoin de services de réinsertion, par exemple de soins médicaux, d'un apport alimentaire et de conseils psychologiques une fois que le travail a cessé. Selon les besoins des bénéficiaires, les projets peuvent fournir des services de réinsertion dans le cadre de visites familiales ou établir des centres résidentiels où les enfants peuvent vivre et recevoir des soins, en phase de transition.

La création d'un mécanisme de surveillance du travail des enfants est un autre aspect essentiel de nombreux projets du ministère du travail. La pauvreté et les us et coutumes concourent souvent à replonger les enfants dans l'exploitation par le travail, et une véritable surveillance peut signaler aux responsables de projet qu'il est nécessaire de mener d'autres interventions.

Généralement, le besoin d'un revenu familial supplémentaire est une cause courante du travail des enfants et il faut, pour que les enfants cessent de travailler, que les familles aient d'autres moyens de subvenir à leurs besoins. Pour cette raison, l'assistance technique financée par le ministère du travail tient compte des besoins familiaux, et non pas seulement des besoins de l'enfant qui travaille, et vise à répondre à ces besoins par d'autres formes d'activités rémunératrices, comme l'acquisition de compétences par des membres de la famille ou des projets de microfinancement permettant aux familles de tirer un revenu suffisant d'activités commerciales. Une autre intervention consiste à modifier les méthodes de production dangereuses qui sont parfois répandues dans une branche d'activité employant des enfants. Par exemple, le travail à domicile, pratique qui consiste à donner à des personnes du travail, comme de la couture ou de l'assemblage, à faire à domicile, est fréquent dans les villages ou quartiers pauvres. Cette pratique favorise dans certains cas le travail des enfants dans des conditions dangereuses car il est alors plus probable que les enfants travaillent aux côtés de leurs parents et qu'il soit quasiment impossible de surveiller les conditions d'hygiène et de sécurité de ce travail. La fabrication de produits composés de produits chimiques dangereux ou de matériaux explosifs, comme des feux d'artifice, est un type de travail à domicile particulièrement dangereux. Pour lutter contre cette pratique, les projets bénéficiant du soutien du ministère du travail consistent par exemple à affecter des fonds à la construction d'ateliers sûrs ou à informer la population des avantages à long terme que présentent la construction et l'entretien de lieux de travail sûrs.

En dernier lieu, le renforcement de capacités est une stratégie essentielle à la viabilité à long terme des projets de lutte contre le travail des enfants. En renforçant les capacités des dirigeants et des institutions à l'échelle nationale et locale, nous pouvons accroître la probabilité que la lutte contre le travail des enfants se poursuive sans assistance extérieure. Dans le cadre du renforcement de capacités, certains projets opèrent en étroite coopération avec les autorités nationales en vue d'élaborer une politique nationale relative au travail des enfants, de contribuer à l'élaboration de stratégies et de plans d'action nationaux dans ce domaine et d'intégrer la question du travail des enfants à d'autres politiques nationales, ayant par exemple trait à la réduction de la pauvreté, à l'éducation et à l'aide aux sinistrés.

UN PARTENARIAT STRATÉGIQUE

Afin de mettre fin à l'échelle mondiale aux pires formes de travail des enfants, le ministère du travail des États-Unis collabore fréquemment avec l'OIT dans le cadre du Programme international pour l'abolition du travail des enfants (IPEC) de cette dernière, dont il est le principal donateur, ayant versé environ 255 millions de dollars au titre de projets d'assistance technique depuis 1995. Lancé en 1991, l'IPEC vise à supprimer progressivement le travail des enfants en renforçant les moyens dont disposent les pays intéressés pour remédier au problème et en créant un mouvement mondial de lutte. Les projets financés par l'IPEC portent sur les enfants qui travaillent dans des conditions dangereuses et sur les groupes particulièrement vulnérables, tels que les enfants de moins de 12 ans et les adolescentes. Du fait de son statut d'organisation internationale affiliée à l'ONU, l'OIT peut par l'intermédiaire de son programme collaborer à la fois avec les pouvoirs publics et avec les employeurs de différents pays.

L'IPEC contribue à mettre en œuvre les projets d'assistance technique du ministère du travail des États-Unis en s'inspirant de plusieurs modèles. Les programmes nationaux apportent une assistance technique aux pays qui sont déterminés à faire de l'abolition du travail des enfants une politique nationale. Les programmes sectoriels portent sur des activités dangereuses et sur des régions qui nécessitent une attention urgente et des ressources spécialement affectées à cette fin. Les programmes assortis de délais visent à intégrer la lutte contre le travail des enfants aux stratégies nationales en faveur de la réduction de la pauvreté et de l'éducation et à supprimer certaines des pires formes de travail des enfants dans des délais allant de 5 à 10 ans. De nombreux projets de l'IPEC apportent entre autres une assistance technique visant à aider les pays intéressés à élaborer des plans d'action contre le travail des enfants et d'autres mesures nationales concernant les enfants qui travaillent. Dans tous les cas, l'IPEC collabore avec des organisations locales qui connaissent la réalité sur le terrain.

VERS UN MEILLEUR AVENIR

Le ministère du travail des États-Unis a mis en place de solides bases en matière de recherches, de pratiques optimales, de partenariats internationaux et de campagnes multilatérales visant à abolir les pires formes de travail des enfants. Nos partenaires opérationnels, dont l'IPEC, des organisations non gouvernementales et des groupes confessionnels, ont mis sur pied des stratégies innovatrices, efficaces et viables en vue de combattre le travail des enfants. Ensemble, nous donnons aux enfants et à leur famille l'espoir d'un avenir meilleur et nous aidons les pays et les collectivités à se doter d'une main-d'œuvre mieux à même de répondre aux défis de l'économie mondiale dynamique d'aujourd'hui.

Créer un signet avec :    Qu'est-ce que c'est ?