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06 mai 2009

Qui parle au nom de l'Islam ?

Une étude exhaustive menée par l'organisation Gallup dans 35 pays

 

Washington - Que pense vraiment la majorité des musulmans ordinaires ? Plutôt que d'écouter ce que disent les extrémistes ou se fonder seulement sur l'opinion de quelques experts, pourquoi ne pas laisser parler la majorité qui garde le silence ? La voix de cette majorité est-elle différente ou non des autres voix qui se font entendre aux États-Unis ?

Pour répondre à ces questions, le Centre Gallup d'études islamiques a mené un sondage international sous la direction de Dalia Mogahed, directrice de ce centre et analyste principale au Gallup Poll (les Sondages Gallup). En 2008, les conclusions de l'étude ont été publiées dans un livre intitulé « Qui parle au nom de l'Islam ? Ce que pensent un milliard de musulmans ». Le 22 avril 2009, Mme Mogahed a présenté certaines de ces conclusions dans un exposé au département d'État américain.

L'étude est le résultat de six ans de recherches et de plus de 50.000 entretiens, et a porté sur les 1,3 milliard de musulmans qui vivent dans plus de 35 pays à majorité islamique ou comptant un nombre significatif d'adeptes de l'islam. Représentant plus de 90 % de la communauté musulmane du monde entier, c'est l'étude la plus exhaustive du genre menée à ce jour.

Elle a révélé certains faits surprenants. Elle a montré que les musulmans de par le monde ne voient pas l'Occident comme une entité monolithique. Leurs propos critiques ou flatteurs envers tel ou tel pays reflètent leurs opinions et non pas leur culture ou leur religion.

Les citoyens de pays à majorité musulmane sont prédisposés tout autant que les Américains à rejeter les attaques contre des civils comme étant injustifiables sur le plan moral. Ceux qui choisissent la violence et l'extrémisme le font pour des objectifs politiques et n'y ont pas recours à cause de la pauvreté ou de leur religion. Et quand on demande aux musulmans de décrire les rêves qu'ils font pour l'avenir, ils ne parlent pas de participer à un jihad, ou lutte sainte, mais plutôt d'obtenir un meilleur emploi.

Selon le sondage Gallup, 93 % des musulmans qui condamnent les actes terroristes du 11 septembre 2001 se fondent sur le Coran. Ce qui va dans le sens d'un fait qui avait déjà été mis au jour, à savoir que l'extrémisme et le militantisme ne découlent pas de principes islamiques mais de tendances politiques. Dans presque tous les attentats suicides perpétrés de 1980 à 2004, le mobile principal était le militantisme contre l'occupation étrangère et non pas la promotion de notions religieuses.

À la question de savoir ce qu'ils admirent le plus dans le monde occidental, les citoyens des pays musulmans répondent qu'il s'agit en premier le lieu de la technologie, puis de la démocratie. La plupart d'entre eux ont exprimé leur admiration des libertés d'expression et de rassemblement, de la primauté du droit, et de la responsabilité des gouvernements envers leur population, tous attributs qu'ils observent dans les pays occidentaux. Aux États-Unis, les Américains répondant à la même question donnent en premier la liberté et la démocratie suivies de la technologie.

La plus importante conclusion qui ressort de ce sondage est la similarité entre les citoyens des pays musulmans et ceux des pays occidentaux. Dans le premier chapitre « Démocratie et théocratie » de cette étude, par exemple, 42 % des Américains qui ont participé au sondage Gallup ont suggéré que « les personnalités religieuses devraient jouer un rôle direct dans la rédaction de la constitution » d'une nation ; mais 55 % d'entre eux pensent que celles-ci « ne devraient jouer aucun rôle ». La population iranienne a exprimé des opinions semblables.

Il ressort également de ce sondage Gallup que sur certaines questions, les points de vue des Américains sont bien plus proches de ceux des citoyens de pays musulmans que de ceux de pays de l'Europe occidentale. Comme le montrent par exemple les réponses à la question sur la raison d'être et qui révèlent une similarité étonnante : 94 % des Américains pensent que leur vie a un but important. Par contre, 68 % des Français et 69 % des Néerlandais donnent une telle réponse. En revanche, 96 % des Indonésiens et 91 % des Saoudiens expriment le même sentiment que les Américains.

Le Centre Gallup d'études islamiques est un centre de recherche sans affiliation politique qui mène des études d'opinion des populations musulmanes dans le monde.

Mme Mogahed a rédigé le livre « Qui parle au nom de l'Islam ? Ce que pensent un milliard de musulmans » en collaboration avec John Esposito de l'université de Georgetown. Elle a récemment été nommée membre du Comité sur la foi de la Maison-Blanche par le président Obama.

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