Économie et commerce | La croissance par l'ouverture des marchés

13 août 2008

L'extraction pétrolière manque d'investissements

Certains producteurs sous-utilisent les réserves.

 
Extraction pétrolière à Huntington Beach (Californie).
Des nageurs peuvent se baigner malgré la proximité de tours de forage pétrolier à Huntington Beach en Californie.

Washington - De nouvelles techniques permettent de faire des miracles au niveau de l'extraction du pétrole, mais cela coûte cher.

Sans investissements massifs, extraire plus de pétrole des gisements existants ou de sources différentes sera impossible. Alors que les réserves classiques connues s'amenuisent, l'extraction de pétrole difficile à atteindre devient essentielle.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, il va falloir investir près de trois mille milliards de dollars au cours des vingt-cinq prochaines années pour satisfaire la demande.

Le défi des investissements

Aramco, la société pétrolière nationale saoudienne, a l'intention d'investir 120 milliards de dollars dans de nouveaux projets de production au cours des dix prochaines années. Mais dans d'autres pays, la plupart des sociétés pétrolières nationales n'ont aucune intention de ce genre.

Les gouvernements de certains pays producteurs de pétrole « volent » leurs sociétés pétrolières nationales pour financer le trésor public et divers projets politiques, affirme Michelle Foss, directrice du Center for Energy Economics de l'université du Texas à Austin. En Iran, par exemple, les revenus pétroliers fournissent 90 % du budget du gouvernement et, au Mexique, 80 %. Ce sont les pays qui sont dans cette situation qui investissement le moins dans l'exploration et la production.

Selon Michael Economides, un responsable du Texas Energy Center, le Vénézuéla, par exemple, investit la moitié de ce qu'il devrait pour maintenir son niveau de production.

Certains pays envisagent des changements. Le Nigeria est en train d'étudier un plan de restructuration de la coopération de sa compagnie nationale avec des sociétés pétrolières occidentales afin d'attirer plus de capitaux privés. Le président mexicain, M. Felipe Calderon, a proposé une modeste réforme du secteur pétrolier du pays afin d'autoriser plus d'investissements privés. Mais dans d'autres pays riches en pétrole, aucune réforme ne se profile à l'horizon. Une étude réalisée en 2007 par le cabinet de conseil PFC Energy laisse à penser que ce sont des facteurs politiques qui limitent les capacités d'augmentation de la production au Mexique, au Vénézuéla, en Iran, en Irak, au Koweït et en Russie.

Même lorsque les pays investissent dans le forage, l'augmentation des capacités de production ou l'expansion de l'infrastructure, ils ne font pas toujours meilleur usage de leurs fonds. Si l'Arabie saoudite, l'Algérie et la Malaisie ont été des acheteurs et des utilisateurs avisés des nouvelles techniques, a dit Mme Foss, nombreux sont les pays qui n'ont pas accès à ces nouveautés ou qui ne peuvent pas les utiliser efficacement par manque de gestionnaires compétents ou de main-d'œuvre qualifiée.

En conséquence, a déclaré le vice-ministre américain des finances, M. David McCormick, la production de certains champs pétroliers est inférieure à ce qu'elle pourrait être si les compagnies pétrolières nationales disposaient des dernières techniques de pointe et les utilisaient de façon optimale.

Certains experts et législateurs américains affirment que malgré des bénéfices record, les sociétés pétrolières n'investissent pas assez.

Toutefois, elles ne peuvent le faire que pour autant qu'elles en ont le loisir. Or les possibilités sont aujourd'hui plus limitées que jamais. En effet, la vaste majorité des réserves pétrolières sont la propriété de l'État, et certains pays interdisent les investissements étrangers. En outre, les sociétés pétrolières hésitent à traiter avec des gouvernements « douteux » et des partenaires qui ne participent pas au commerce mondial de façon ouverte et transparente.

La société Exxon Mobil et la Royal Dutch Shell PLC, par exemple, ont perdu des milliards de dollars dans des nationalisations et des rachats au Vénézuéla et en Russie.

La politique pétrolière des États-Unis

Aux États-Unis, les géants du secteur pétrolier aimeraient forer au large des côtes est et ouest du pays, dans le golfe du Mexique et en Alaska. Le président Bush a annulé le décret qui interdisait le forage en mer et demandé au Congrès de lever le moratoire imposé par le pouvoir législatif à cet effet.

Selon les experts, si les États-Unis, troisième producteur mondial de pétrole, prenaient des mesures en vue d'augmenter leur production, ce serait un signal important pour le reste du monde. « Cela rendrait crédibles nos incitations à l'augmentation de la production à l'étranger », a déclaré M. McCormick.

Mais au Congrès, les démocrates et les groupes de défense de l'environnement s'opposent à l'annulation de ce moratoire. Ils affirment que tout pétrole tiré de ces nouvelles tours de forage ne serait pas distribué sur le marché avant 2028, dans le meilleur des cas, qu'il n'entraînerait qu'une baisse modeste du prix du pétrole et qu'il nuirait à l'environnement.

La plupart des spécialistes de l'énergie et des responsables politiques sont d'avis qu'à l'avenir, les États-Unis auront besoin de toutes les ressources énergétiques dont ils pourront disposer, y compris le pétrole, les huiles lourdes et les biocombustibles, entre autres.

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