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07 novembre 2008

La lutte contre les maladies d'origine hydrique dans des pays en développement

La stratégie du Centre d'épidémiologie des États-Unis contre le choléra

 
Un puit à Bissau (Guinée-Bissau).
Des jeunes filles s'apprêtent à tirer de l'eau d'un puits à Bissau (Guinée-Bissau).

Washington - Une équipe de spécialistes du Centre d'épidémiologie des États-Unis (Centers for Disease Control and Prevention ou CDC) s'est rendue en Guinée-Bissau, en septembre, pour contribuer à la maîtrise d'une épidémie de choléra qui a déjà frappé quelque 12.200 personnes et causé la mort de 200 d'entre elles.

Cette équipe fait partie d'un programme du CDC qui a pour objet de prévenir les maladies d'origine hydrique, telles que le choléra, la fièvre typhoïde et la dysenterie, provenant souvent de la consommation d'eau contaminée, ainsi que de lutter contre elles.

Le CDC examine les demandes de tout pays intéressé avant de fournir l'aide de ses spécialistes lorsqu'une épidémie de grande ampleur éclate.

La prévention des maladies d'origine hydrique fait aussi partie de la mission d'un autre programme du CDC, le programme d'alimentation en eau potable (Safe Water System ou SWS), qui réussit en général à réduire de moitié les maladies diarrhéiques.

Le SWS a recours à des moyens simples, efficaces et bon marché, qui consistent notamment à ajouter quelques gouttes d'une solution contenant une faible dose d'eau de Javel à de l'eau destinée à la consommation humaine et stockée dans des conteneurs couverts. Ce programme finance des projets dans plus de 25 pays africains et asiatiques.

Les agents pathogènes qui se trouvent dans l'eau causent fréquemment des maladies diarrhéiques, ce qui constitue un grave problème dans divers pays. « On oublie trop souvent que 2 millions d'enfants de moins de cinq ans meurent tous les ans des suites de la diarrhée, causée pour la plupart d'entre eux par de l'eau non potable et par le manque d'hygiène », a déclaré à America.gov, le chef de l'équipe d'épidémiologie des maladies diarrhéiques du CDC, M. Eric Mintz.

Pour sa part, une conseillère de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), Mme Rochelle Rainey, a fait remarquer qu'une épidémie de choléra attirait facilement l'attention de la communauté internationale. « Les adultes, a-t-elle dit, peuvent parfois mourir en l'espace de quelques heures après avoir contracté la maladie. » En revanche, le fait que des milliers d'enfants meurent tous les jours de la diarrhée, alors qu'il existe des solutions qui peuvent prévenir cette maladie, retient moins l'attention de la communauté internationale.

« Même une maladie diarrhéique qui n'est pas mortelle est grave, en particulier pour les enfants, a-t-elle dit. La diarrhée et la sous-alimentation ont des effets durables sur les enfants, car elles entravent directement leur développement physique et cognitif. »

L'alimentation en eau potable au moyen de conduites de toute la population est nécessaire, mais l'installation de ces conduites est peu rapide et onéreuse, a fait remarquer M. Mintz. Le programme SWS du CDC constitue une mesure temporaire destinée à aider les enfants et les adultes à vivre jusqu'au jour où ils auront accès à de l'eau potable sous conduite.

Ce programme et les équipes d'intervention du CDC en cas d'épidémie tirent leur financement de nombreuses sources, dont deux organismes fédéraux, le CDC et l'USAID, ainsi que d'entreprises et d'associations professionnelles (telles que Procter & Gamble, Archs Chemicals et le Chlorine Chemistry Council), de fondations (dont la fondation Bill & Melinda Gates), d'associations confessionnelles (telles que Gift of Water et la Southern Baptist Convention) et de nombreuses universités (dont Harvard, MIT et Emory).

Les partenaires étrangers comprennent les pouvoirs publics des pays bénéficiaires, l'UNICEF, l'Organisation mondiale de la santé, la Croix-Rouge, CARE et Project Hope.

Un fossé rempli de détritus à Bissau
Un garçon saute par-dessus un fossé rempli de détritus à Bissau (Guinée-Bissau).

Le programme SWS du CDC est un des éléments de la stratégie de l'USAID destinée à accroître l'accès à l'eau potable et aux installations d'assainissement dans le monde entier, a indiqué Mme Rainey.

« L'eau potable fait partie de la première ligne de défense visant à empêcher la transmission des maladies diarrhéiques, en particulier lors d'une épidémie de choléra », a-t-elle ajouté.

Le programme de prévention du SWS porte sur :

• le traitement de l'eau contaminée au moyen d'une solution diluée contenant de l'eau de Javel qui est produite, vendue et achetée localement,

• le stockage de l'eau dans des conditions hygiéniques pour prévenir toute nouvelle contamination,

• la modification des comportements en matière d'hygiène, notamment l'adoption de l'habitude de se laver les mains plus fréquemment, qui constitue, selon M. Mintz, un élément essentiel pour mettre fin aux maladies diarrhéiques.

L'assistance technique du CDC à l'étranger

Selon Mme Rainey, la prévention des maladies diarrhéiques est une tâche difficile et complexe. Le programme SWS est efficace si on l'applique correctement, mais des millions de personnes n'ont pas accès à ce programme (ou à un autre traitement) ou ne le suive pas correctement.

« Bien que des épidémies de choléra aient encore lieu dans des pays bénéficiaires du SWS, nous savons qu'on peut les maîtriser plus rapidement là où il est possible de se procurer facilement des produits ménagers de traitement de l'eau et lorsque la population est déjà au courant de la nécessité de modifier son comportement dans ce domaine. »

Il n'existe pas actuellement de programme SWS en Guinée-Bissau, et ce pays a connu 7 épidémies de choléra ces douze dernières années. Épidémiologiste du CDC, M. Rob Quick a exprimé à America.gov l'espoir que l'épidémie de 2008 contribuera à y faciliter la mise en œuvre d'un programme SWS qui est très nécessaire.

En 2008, l'équipe d'intervention du CDC a recommandé à la Guinée-Bissau de procéder à une simple chloration de l'eau consommée par les ménages, à mettre en place de nouveaux laboratoires, à améliorer la désinfection de l'eau des municipalités et à enseigner l'hygiène, a indiqué M. Minck. En outre, le laboratoire du CDC situé à Atlanta a contribué au dépistage de la maladie.

En Afghanistan, des partenaires du programme SWS ont envoyé dans les zones touchées par l'épidémie de choléra de 2008 une solution de traitement de l'eau. Selon les autorités afghanes, plus d'un millier de cas, dont 17 décès, ont été signalés depuis le mois de septembre, et cette épidémie serait due à de l'eau contaminée et à l'absence d'assainissement.

Au Kénya, le programme SWS a débuté en 2000, et les premiers résultats montrent qu'il a permis de réduire de 56 % le risque de contracter une maladie diarrhéique dans les zones rurales. Entre 2000 et 2007, un partenaire du CDC (Population Services International) a vendu 1,2 million de bouteilles d'une solution chlorée produite localement pour le traitement de l'eau consommée par les ménages. Toutefois, le choléra demeure un problème, et cette année on a signalé jusqu'ici l'apparition de 12 à 14 petits foyers, pour lesquels une équipe locale d'intervention soutenue par le CDC a fourni une assistance technique en vue de les juguler.

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