Droits de l'homme | La défense de la dignité humaine

05 décembre 2008

Portrait : Charles Habib Malik

 
Charles Habib Malik
Charles Habib Malik s'adresse à l'Assemblée générale lors du 20e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

En tant que secrétaire de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, Charles Habib Malik, professeur libanais de philosophie, de mathématiques et de physique, a joué un rôle clé dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme et dans l'approbation de ce document par l'Assemblée générale de l'ONU. Il a ensuite représenté son pays aux Nations unies, a été membre du parlement libanais puis ministre des affaires étrangères du Liban.

Charles Habib Malik est né en 1906 à Bitirran, dans le district de Koura, au Liban. Diplômé de l'Université américaine de Beyrouth en 1927, il obtient un doctorat de Harvard en 1937. Après avoir enseigné la philosophie, les mathématiques et la physique pendant huit ans à son alma mater à Beyrouth, il entre dans le service diplomatique, tout d'abord comme ministre conseiller puis comme représentant du Liban auprès des Nations unies. C'est en sa qualité de chef de la délégation libanaise à la Conférence de San Francisco, qui rédigea la Charte des Nations unies, que Charles Habib Malik signe ce document au nom de son pays.

Cette charte, dont les objectifs déclarés comprenaient la promotion et l'encouragement du respect des droits de l'homme, ne contenait cependant pas de description universellement acceptée de ces droits. Avant de pouvoir en assurer la sauvegarde, l'Organisation des Nations unies devait les définir. Il fut décidé qu'une Commission permanente des droits de l'homme s'emploierait à cette tâche. Charles Habib Malik fut choisi comme premier rapporteur de cette commission.

Il joua un rôle important lorsque la Commission envisagea les principaux articles de ce qui allait devenir la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ses discussions avec le Chinois Zhang Pengjun sur le rôle que devaient jouer les droits de l'homme dans ce document représentèrent un point important du discours international. Charles Malik apporta d'importantes contributions au cadre conceptuel de la Déclaration des droits de l'homme, notamment à la décision de définir assez largement les droits économiques et sociaux pour qu'ils n'enfreignent pas la souveraineté des nations.

L'expertise de Charles Habib Malik acquit de l'importance lorsque le projet de déclaration passa du comité de rédaction à la Commission des droits de l'homme puis à l'Assemblée générale elle-même. Cette dernière confia cette tâche à la Troisième Commission, organisme responsable des affaires sociales, humanitaires et culturelles. C'est Charles Malik qui en présidait les délibérations. « Nous avons eu la chance d'avoir Charles Malik comme président », a écrit dans ses mémoires John Humphrey, directeur de la division des droits de l'homme au Secrétariat des Nations unies. Il connaissait bien l'histoire législative de ce document. »

En tant que secrétaire de la Commission des droits de l'homme, Charles Malik connaissait intimement tous les aspects de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il s'employa activement à en faire comprendre les idéaux à la Troisième commission. Cependant, étant donné que les délégués en pesaient chaque mot, la déclaration faillit bien ne pas atteindre l'Assemblée générale. La Troisième Commission tint en effet plus de 80 sessions et eut des débats sur 168 amendements. Elle finit par approuver le projet une semaine avant la fin de la session de l'Assemblée générale.

C'est Charles Malik qui présenta la Déclaration à l'Assemble générale, dans une salle remplie de délégués, de journalistes et de spectateurs.

Des milliers de personnes avaient contribué à sa rédaction. Chaque membre des Nations unies s'est engagé solennellement à faire respecter les droits de l'homme. Mais jamais auparavant, que ce soit dans la Charte des Nations unies ou dans un document national quelconque, on ne nous avait décrit ces droits.

« C'est la première fois que les principes des droits de l'homme et des libertés fondamentales sont exposés d'une façon qui fait autorité et détaillés avec précision. Je sais désormais ce que mon gouvernement s'est engagé à promouvoir, à obtenir et à observer. Je peux faire campagne contre lui et, s'il ne respecte pas son engagement, je sais que j'aurai le soutien moral du monde entier. »

Après l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, Charles Habib Malik resta aux Nations unies en tant que représentant du Liban. Lorsqu'Eleanor Roosevelt quitta son poste de présidente de la Commission des droits de l'homme, elle suggéra qu'il la remplace et il occupa ce poste pendant un an. Il a également représenté le Liban en tant qu'ambassadeur aux États-Unis de 1953 à 1955. En sa qualité de représentant du Liban à l'ONU, il a présidé le Conseil de sécurité en janvier 1954 et la Treizième Session de l'Assemblée générale en 1958.

En plus de ses activités aux Nations unies, Charles Malik a participé activement au service public de son pays. Il a en effet été ministre des affaires étrangères de 1956 à 1958 et ministre de l'éducation nationale et des beaux arts, ainsi que membre du Parlement.

Après avoir passé de nombreuses années dans la diplomatie et la fonction publique, il a de nouveau enseigné à l'Université américaine de Beyrouth en 1960. Il s'est rendu dans diverses universités étrangères en tant que conférencier invité et professeur distingué. Il a reçu au moins 50 diplômes honorifiques d'établissements d'enseignement supérieur des États-Unis, du Canada et d'Europe. Il est décédé en 1987.

- Meghan Loftus

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