31 janvier 2005

Don Cheadle lance un appel à l'action contre le génocide au Darfour

Il s'est rendu au Soudan en compagnie d'une délégation parlementaire.

 

Washington - Qualifiant de « tsunamis de violence » les attaques continues perpétrées au Soudan dans la province du Darfour par des milices arabes soutenues par le gouvernement, l'acteur afro-américain Don Cheadle s'est mis à l'unisson de plusieurs parlementaires pour demander à la communauté internationale de mettre fin à la tuerie.

« En tant que société libre, nous ne pouvons proclamer nous soucier de la vie humaine et rester les bras croisés », a déclaré M. Cheadle, le 27 janvier, lors d'une conférence de presse tenue à Washington.

M. Cheadle est candidat au prix du meilleur acteur masculin pour son rôle dans « Hôtel Rwanda », un film qui raconte l'histoire d'un gérant d'hôtel de Kigali qui a sauvé 1.000 personnes pendant le génocide qui a ébranlé le Rwanda en 1994. M. Cheadle venait juste de rentrer d'un voyage au Soudan et au Tchad qu'il avait effectué du 21 au 26 janvier dans le cadre d'une délégation parlementaire enquêtant sur la crise humanitaire au Darfour, crise qui a été qualifiée de génocide par le département d'Etat et le Congrès des Etats-Unis.

Le député Ed Royce, républicain de Californie qui est président de la sous-commission des affaires africaines de la Chambre, dirigeait cette délégation. Il a expliqué qu'il avait invité M. Cheadle, en partie, pour attirer l'attention sur les massacres qui, selon les statistiques des Nations unies, ont déjà fait 70.000 victimes et déplacé plus d'un million de personnes.

Comparant ces chiffres aux 800.000 personnes massacrées durant le génocide de 1994 au Rwanda, M. Cheadle a déclaré : « Les gens qui ont vu le film (Hôtel Rwanda) ont dit : c'est terrible ! Que s'est-il passé ? Si seulement j'avais su (...) » Et d'exhorter : « Je vous en prie, attachez-vous, chacun d'entre vous dans cette pièce, à faire en sorte que le monde sache » (ce qui se passe au Darfour). « Ensemble, nous pouvons changer le monde - j'en suis convaincu. J'espère que nous pouvons mettre nos énergies en commun pour mater le mal qui existe aujourd'hui. »

L'acteur a ensuite décrit les quatre camps de réfugiés visités par la délégation, soulignant que de nombreux camps étaient toujours hors de portée des organisations humanitaires et, conséquemment, ne recevaient pas suffisamment d'aide. Il a exprimé l'espoir que lorsque les forces soudanaises et les milices arabes seraient stoppées, les camps pourraient être démantelés et que les réfugiés pourraient rentrer chez eux, « parce que presque chaque personne à laquelle nous avons parlé a exprimé le désir de rentrer ».

Il a ensuite évoqué la joie et l'exubérance toujours vivantes dans les yeux des jeunes enfants des camps, et s'est demandé quand cette lueur d'espoir dans les yeux des enfants s'éteindrait à jamais. « L'esprit humain est incroyable, il peut surmonter bien des obstacles. Mais il peut aussi s'étioler s'il n'est pas adéquatement soutenu. »

Un autre membre de la délégation, le député Jim McDermott (démocrate de Washington), a raconté comment il avait été frappé par l'étrange similarité entre le film qu'interprétait Don Cheadle et ce qui se passait au Soudan. « Nous ne sommes jamais arrivés au point de nous dire qu'il fallait faire quelque chose. Nous ne pouvons pas ne pas tirer les leçons des horribles événements survenus au Rwanda. » Selon lui, tous les membres du Congrès et tous les Américains devraient être obligés d'aller voir le film « Hôtel Rwanda ».

La députée Barbara Lee, démocrate de Californie, a évoqué la nécessité de faire pression sur le gouvernement de Khartoum, affirmant : « Je suis convaincue, et tous mes collègues le sont également, que le gouvernement de Khartoum doit rendre compte de ses actes, parce que c'est le seul moyen de stopper le génocide. »

« Les efforts collectifs seront efficaces et nous verrons la fin de cette dévastation, mais seulement si nous faisons tous notre travail. Nous ne pouvons pas laisser un autre Rwanda avoir lieu. Nous ne pouvons pas attendre que 800.000 autres personnes meurent. Pourtant, c'est ce qui arrivera si nous ne faisons pas notre devoir sur le plan politique et humanitaire. »

(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)

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