06 juin 2007

Exposition sur des œuvres d'art incorporant diverses écritures africaines

La nouvelle exposition du Musée d'art africain de Washington

 
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Coiffe de guerrier Loma
Coiffe de guerrier Loma (Liberia), ornée de fourrure et de serres d'aigle. (Photo du Musée d'art africain)

Washington - Une nouvelle exposition porte sur la façon dont les artistes africains ont employé au cours des siècles des lettres, des mots et des symboles pour créer des œuvres d'art ou pour les embellir.

Quelque quatre-vingt-dix œuvres figurent dans cette exposition, qui se tient du 9 mai au 26 août au Musée national d'art africain de Washington.

La responsable de cette exposition, Mme Christine Mullen Kreamer, a déclaré à ce propos : « Toute œuvre d'art est en soi un moyen de communication puissant. Les œuvres d'art incorporant des mots écrits et des symboles graphiques sont des moyens de communication encore plus puissants. »

Les œuvres exposées dans huit salles vont d'une stèle égyptienne couverte de hiéroglyphes, qui remonte à plus de trois mille six cents ans, à des tableaux et à des dessins du XXIe siècle. Elles montrent comment des artistes ont introduit des éléments d'écriture et de graphie, aussi bien pour leur beauté que pour leur signification, sur divers supports allant des rouleaux de parchemin couverts de textes sacrés, à des masques et à des graffiti politiques.

C'est la première grande exposition qui vise à montrer comment des œuvres d'art traditionnel et contemporain africaines sont dotées d'écritures et de graphies destinées à évoquer des questions telles que les rapports entre hommes et femmes, l'identité culturelle, l'appartenance sociale, le pouvoir, les convictions religieuses et la politique, a fait remarquer Mme Kraemer.

Il s'agit d'un projet mené en commun avec le Musée Fowler de l'université de Californie à Los Angeles, où l'exposition sera transférée en fin d'année. « C'est une idée qu'un certain nombre d'entre nous ont eue plus ou moins au même moment, a-t-elle dit. Nous avons donc joint nos forces : deux grands musées qui ont pour vocation de créer des expositions de qualité au sujet de l'Afrique. »

La nouvelle exposition « attire l'attention des visiteurs sur la longue histoire de l'écriture et des graphies de l'Afrique et sur sa contribution à l'histoire mondiale de l'écriture ».

Parmi les œuvres exposées figurent la tunique et la coiffe d'un guerrier du Liberia, qui sont décorées de serres d'aigle, ainsi que des petites amulettes en cuir contenant des passages du Coran en arabe. De l'Afrique du Sud, le visiteur peut voir un tableau de Sue Williamson montrant des pages d'une brochure touristique des années 1930 et un tableau de Rudzani Nemasetoni contenant une image tirée d'une page du livret dont son père devait être muni du temps de l'apartheid. Du Ghana, il peut voir un drapeau de la société Asafo, association militaire traditionnelle, dont la devise, écrite en twi, était « Tous nos ennemis sont des vautours ».

Selon Mme Kraemer, l'une de ses œuvres préférées est une pièce de tissu du Ghana orné de motifs « adinkra » que le roi des Asante Agyeman Prempeh I portait le jour de sa déposition par les Britanniques en 1896. Ces motifs comprennent des symboles, tels que des châteaux et des cornes de bélier, qui représentent « la résistance et le pouvoir face à l'oppression coloniale », a-t-elle dit. Le roi transmettait ainsi un message codé indiquant que le royaume des Asante serait rétabli un jour.

« Ce n'était pas un moment de défaite totale, mais une déclaration puissante sur le maintien du pouvoir que seuls ceux qui connaissaient l'akindra pouvaient comprendre », a-t-elle indiqué en ajoutant que le lien entre la connaissance et le pouvoir était un thème important de l'exposition.

Celle-ci porte principalement sur sept écritures et graphies ; l'alphabet tifinagh des Touaregs du nord-ouest de l'Afrique, les hiéroglyphes, le guèze, écriture liturgique éthiopienne, les syllabaires de plusieurs langues mandé tels que le syllabaire vaï inventé au Liberia vers 1832, le nsibidi, écriture de type hiéroglyphique, l'arabe et l'alphabet romain des langues européennes.

En outre, plusieurs artistes, tels qu'Abdoulaye Ndoye, du Sénégal, ainsi que Bruce Onobrakpeya et Victor Ekpuk, du Nigeria, introduisent dans leurs œuvres une écriture qu'ils ont inventée. Par exemple, le tableau Ibiebe ABC III de Bruce Onobrakpeya est couvert de son écriture composée d'idéogrammes et de formes géométriques et curvilignes qui rend hommage à son héritage Urhobo.

L'arabe est présent sous de nombreuses formes dans plusieurs œuvres, tels les tableaux de l'artiste libyen Ali Omar Ermes, qui juxtapose des lettres arabes aux contours bien dessinés à des lignes délicates de poésie. Osman Waqialla, du Soudan, et Nja Mahdaoui, de la Tunisie, célèbrent aussi la beauté de la calligraphie arabe.

L'exposition comprend également des écritoires du Soudan et du Nigeria utilisés pour l'étude du Coran et des amulettes de la Sierra-Léone qui contiennent des versets du Coran. Il y a aussi des objets portant une inscription de langue africaine en alphabet arabe.

« Je pense, a dit Mme Kreamer, que les visiteurs apprécieront la diversité des objets exposés et les nombreuses écritures et graphies qui leur sont inconnues. »

Par ailleurs, elle a indiqué que le nombre des visiteurs du Musée d'art africain ne cessait d'augmenter. « Ceux-ci, a-t-elle précisé, aiment beaucoup les œuvres d'art africaines à cause des nombreuses histoires qu'elles racontent et de la contribution très riche du continent africain à la culture mondiale. »

(Les articles du "Washington File" sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat. Site Internet : http://usinfo.state.gov/francais/)

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