Sports | La quête de l'excellence

10 juin 2008

On perd beaucoup de matchs avant de réussir

Les Jeux olympiques de 1988 ont été un moment décisif pour le football masculin américain.

 

Tab Ramos est un footballeur professionnel qui a participé trois fois à la Coupe du monde en tant que membre de l'équipe des États-Unis et a fait partie d'équipes professionnelles en Espagne, au Mexique et aux États-Unis. Il a également été admis au Hall of Fame (Panthéon) américain de football-association. Avant ces succès, Ramos était membre de l'équipe américaine de football aux Jeux olympiques de Séoul en 1988. Il y a appris des choses qui lui ont servi au long de sa carrière et qu'il partage avec la nouvelle génération de footballeurs qu'il entraîne aujourd'hui.

En 1988, les États-Unis n'étaient assurément guère connus comme un haut lieu du football-association. Nous les membres de l'équipe olympique cherchions à nous faire respecter partout où nous allions mais c'était très difficile, parce que tout le monde nous donnait pour perdants.

À notre arrivée aux Jeux de Séoul, le tirage au sort nous a placés dans une poule d'élite : l'Argentine, l'une des équipes de ce groupe, était une force du football mondial depuis au moins 70 ans. Il se trouvait qu'une autre, la Soviétique, allait terminer avec la médaille d'or. C'était donc manifestement la plus forte. Enfin, celle de Corée du Sud, aussi dans notre poule, représentait le pays hôte.

Partis ainsi perdants, nous n'étions guère sous pression. Il est un peu plus facile de jouer quand on ne s'attend pas à ce que vous fassiez grand-chose. En même temps, nous voulions prouver quelque chose. Je me souviens que notre premier match nous opposait à l'Argentine, En fait, l'Argentine a eu beaucoup de chance ; pour arracher le match nul 1 à 1, elle a dû marquer à deux minutes de la fin d'une partie que nous dominions depuis la première mi-temps. Nous avons bien failli être la surprise des Jeux.

Ensuite, nous avons joué contre l'hôte, la Corée du Sud, et je crois que là aussi nous avons fait match nul, 0 à 0. Notre troisième rencontre était contre l'Union soviétique. Nous savions que les Soviétiques étaient très forts et qu'il y avait manifestement parmi eux plusieurs joueurs professionnels. Nous avons fini par perdre assez honorablement, 4 à 2, contre l'équipe qui allait remporter la médaille d'or.

Éliminés en phase de poules, nous ne sommes pas allés aux demi-finales. Mais sans avoir progressé au rang des médaillés, nous nous en sommes quand même bien tirés. C'était la première fois qu'une équipe masculine américaine se hissait à un aussi haut niveau du foot international.

Nous n'avons remporté aucune victoire, mais nous avons quitté les Jeux en sachant que nous avions fait de notre mieux et que nous avions aidé le football aux États-Unis à monter d'un cran.

Nous y étions allés en tant que groupe d'athlètes que personne ne connaissait, pour jouer contre des étoiles du football d'autres pays. Nous avions décidément fait de notre mieux. Nous savions que nous avions donné le meilleur de nous-mêmes.

C'est une bonne leçon dont il faut se souvenir, dans le sport comme dans la vie. Je la garde à l'esprit dans l'éducation de mes enfants, qui font du football maintenant, et dans mes relations avec les autres enfants que j'entraîne. Je pense que le plus grand objectif est de faire de son mieux. C'est tout ce que l'on peut exiger de soi-même.

J'ai participé à un sport d'équipe, si bien que je dois faire de mon mieux pour aider mon équipe à remporter la victoire. En définitive, même si vous ne gagnez pas, cela n'a pas tant d'importance, du moment que vous faites tout ce que vous pouvez pour aider votre équipe : vous avez tout lieu d'être fier.

De nombreux enfants grandiront, dans les années qui viennent, en espérant participer aux Jeux olympiques ou faire partie de l'équipe olympique américaine, sans y parvenir. Cela n'aura rien à voir avec un manque d'effort de leur part. Cela viendra du fait qu'ils n'ont pas tout à fait assez de talent pour y parvenir.

Gagner est manifestement une chose que tout le monde désire. Mais il n'y a qu'un gagnant. Tous les autres perdent. Après une longue carrière dans le football, il y a une chose que je dis toujours aux enfants que j'entraîne maintenant : « J'ai perdu plus de matchs que vous n'en gagnerez jamais. C'est une chose qui marque tout athlète qui est parvenu à un certain sommet. Il aura perdu beaucoup de matchs, des matchs importants, avant d'en arriver là. Cela ne doit pas vous décourager. C'est là le côté exaltant : perdre vous oblige à tenter de faire mieux la prochaine fois.

À vrai dire, j'ai horreur de perdre, même à un jeu de société. Je ne vous dis donc pas que vous devriez aimer perdre. Mais vous devez apprendre à tirer parti d'un échec, comprendre que vous ne gagnerez pas chaque fois, mais qu'il faut persévérer.

 

Bio-express de Tab Ramos

Date de naissance : 21 septembre 1966

Lieu de naissance : Montevideo, Uruguay

Joueur olympique américain

• 1988 Séoul : équipe masculine de football

A participe à trois finales de la Coupe du monde : 1990, 1994 et 1998

A passé sept années avec la division professionnelle du Major League Soccer des États-Unis en qualité de milieu de terrain de l'équipe des New York/New Jersey MetroStars

Élu l'un des cent meilleurs joueurs du monde par la revue World Soccer, en 1991

Admis au National Soccer Hall of Fame (Panthéon du football) en 2005

Actuellement, Tab Ramos, qui est devenu citoyen américain en 1982, est propriétaire et directeur du Tab Ramos Sports Center situé à Aberdeen (New Jersey). Il est marié et père de deux enfants.

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