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15 janvier 2009

La transition présidentielle aux États-Unis : les experts donnent leur avis

L'Afghanistan, l'Iran et la Corée du Nord seront les grands dossiers de politique étrangère du prochain gouvernement.

 
Joe Biden et Hamid Karzaï
Le vice-président élu Joe Biden s'entretient avec le président de l'Afghanistan Hamid Karzaï le 10 janvier 2009 à Kaboul.

Washington - Même à notre époque de diffusion constante de l'information, il est impossible de satisfaire la demande d'un public avide de renseignements sur la liste croissante des priorités de politique étrangère du prochain gouvernement Obama.

La multitude des problèmes et le manque de temps sont des thèmes récurrents qui préoccupent de nombreux spécialistes. Lors d'une conférence organisée le 8 janvier par l'Institut des États-Unis pour la paix (USIP), plus de 1.400 universitaires, journalistes et représentants de gouvernements et d'armées du monde entier ont étudié cette liste de priorités.

L'envoyé spécial du gouvernement Bush pour la non-prolifération nucléaire, M. Robert Joseph, a déclaré lors de la conférence qu'il était important de soutenir le président élu Barack Obama alors qu'il cherche à parer à une myriade de menaces pesant sur la sécurité des États-Unis.

Les guerres en Afghanistan et en Irak resteront au cœur des préoccupations du nouveau président, comme le seront les actions du Pakistan et de l'Iran. Zbigniew Brzezinski, un ancien conseiller pour la sécurité nationale, a déclaré que les grands dossiers de politique étrangère des États-Unis étaient liés à ces quatre pays, mais que chacun nécessitait un traitement et une politique spécifiques.

Le déplacement qu'a effectué le vice-président élu, M. Joe Biden, du 9 au 11 janvier reflète l'importance de cette région pour le nouveau gouvernement. MM. Obama et Biden ont en effet promis de revitaliser le développement économique de l'Afghanistan en y consacrant des ressources supplémentaires, et de renforcer l'aide au Pakistan.

Un autre dossier pressant est celui de la Corée du Nord. Il s'agit d'amener ce pays à démanteler son programme nucléaire de façon à satisfaire les exigences de vérification du Japon, de la Chine, de la Russie, des États-Unis et de la Corée du Sud.

Les participants ont également déclaré que M. Obama devait répondre à l'exigence de ralentissement du changement climatique. Or ce sujet est lié à deux autres questions urgentes : la sécurité alimentaire et la nécessité d'aider les victimes de la récente multiplication des catastrophes naturelles.

Les questions régionales vont dominer l'ordre du jour

Joe Biden au Pakistan
M. Biden porte une médaille que lui a offerte le président pakistanais, M. Zardar, lors d'une visite à Islamabad le 10 janvier.

De nombreux experts sont prêts à retrousser leurs manches, et ils ont déjà donné d'innombrables avis sur tous les sujets possibles et imaginables relatifs à toutes les régions du monde. Une ancienne conseillère politique du département d'État, Mme Suzanne Maloney, a déclaré qu'après tant d'occasions manquées, il y avait maintenant une chance de voir un changement dans les relations américano-iraniennes. Il est possible selon elle d'envisager des échanges sélectifs et un dialogue constructif avec l'Iran, tout particulièrement au sujet de l'Afghanistan.

William Luers, président de l'Association des États-Unis pour les Nations unies, a déclaré qu'il était temps d'adopter un nouveau ton avec l'Iran, et il a prôné le dialogue direct avec des responsables de moyen échelon dans ce pays, un peu comme les États-Unis l'ont fait avec la Chine durant le gouvernement Nixon. Des gestes permettant de sauver la face feront beaucoup pour faciliter de futurs contacts, a dit Mme Maloney.

Le général David Petraeus, chef du Commandement central des États-Unis, a beaucoup parlé de la façon de procéder en Afghanistan. Rien n'a été facile dans ce pays, a-t-il souligné, prévenant que les progrès en 2009 et au-delà exigeraient une approche complète et régionale impliquant le Pakistan.

Il faudra du temps pour que le gouvernement afghan soit capable de fournir des services publics dans l'ensemble des provinces du pays, de réduire la corruption et d'instaurer l'État de droit.

M. Petraeus est d'avis que la coalition doit se comporter comme un partenaire de l'Afghanistan et s'abstenir de toute action qui pourrait être perçue comme le fait d'une force d'occupation. Il faut également réduire le nombre de victimes civiles, faute de quoi les talibans auront un outil efficace de recrutement.

La question de la sécurité alimentaire exige également une attention immédiate. Il est favorable à l'octroi de subventions aux agriculteurs afghans qui font des cultures prioritaires.

Les dossiers qui pourraient évoluer le plus rapidement

Abordant les grands dossiers mondiaux, le secrétaire général adjoint de l'ONU, M. Robert Orr, a prédit que 2009 serait « l'année du changement climatique » grâce à l'alignement des intérêts de plusieurs pays.

Anne-Marie Slaughter, doyenne de l'école Woodrow Wilson des affaires publiques et internationales, a déclaré que les États-Unis devaient prendre l'initiative dans les domaines du changement climatique et de la non-prolifération, faute de quoi aucun progrès essentiel ne serait réalisé. Elle a toutefois précisé qu'une influence stratégique signifiait qu'il fallait rechercher des partenaires puissants et laisser les autres pays prendre l'initiative lorsque cela se justifiait. En répartissant le fardeau, a-t-elle dit, les États-Unis « favorisent la coopération », ce qui conduit à une participation internationale réussie.

L'ancien secrétaire d'État adjoint Richard Armitage a déclaré que le gouvernement Obama pouvait faire deux choses immédiatement pour changer rapidement et considérablement la donne internationale : fermer le centre de détention de Guantanamo à Cuba, et demander au Sénat des États-Unis de ratifier la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Ce traité, qui date de 1982, définit les droits et responsabilités des pays vis-à-vis des océans de la planète, et établit des directives en matière de gestion des ressources marines.

Le chef de file républicain de la commission sénatoriale des affaires étrangères, M. Richard Lugar, a conclu la conférence en invitant tout le monde à soutenir la transition politique.

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