24 novembre 2008
Le département d'État appelle à sa libération et au rétablissement de l'ordre constitutionnel.
Washington - La junte militaire a beau qualifier de libération le transfert du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi de Nouakchott à son village natal de Lemden, le président mauritanien est toujours en détention, affirme le gouvernement Bush.
Le premier président démocratiquement élu du pays a en effet été renversé par un coup d'État perpétré le 6 août dernier. La junte militaire le maintient en détention malgré les appels de l'Union africaine, de l'Union européenne, des États-Unis et d'autres membres de la communauté internationale à sa libération et au retour de l'ordre constitutionnel.
M. Abdallahi « est le seul président élu du continent africain à subir un tel traitement », a déclaré le porte-parole du département d'État, M. Sean McCormack, le 18 novembre.
« Il est forcé de rester dans un village de quelques centaines d'habitants situé à trois heures de route de la capitale. Les visiteurs sont passés au filet et il y a toujours des policiers et des soldats », a dit M. McCormack.
L'assignation à résidence du président à Lemden « ne constitue pas une libération, contrairement à ce que dit la junte militaire », a-t-il affirmé.
Des responsables américains ont condamné le coup d'État « dans les termes les plus fermes possibles ». Le 6 août dernier, la secrétaire d'État Condoleezza Rice a déclaré que les États-Unis s'opposaient à « toute tentative par des éléments militaires de changer un gouvernement par des moyens anticonstitutionnels », et a réclamé la libération du président et de son premier ministre, ainsi que la « restauration immédiate de l'ordre constitutionnel et du gouvernement démocratiquement élu ».
Dès le 7 août, le gouvernement des États-Unis a suspendu tous ses programmes d'assistance à la Mauritanie, à l'exception de l'aide humanitaire. Le 16 octobre, il a interdit l'entrée sur son territoire aux membres de la junte militaire et à d'autres individus liés au coup d'État.
Dans une déclaration diffusée le 17 octobre afin d'annoncer ces restrictions, M. McCormack a déclaré que les Mauritaniens méritaient la démocratie pour laquelle ils avaient tant travaillé et avaient droit à la sécurité et au développement qui en découlent.
Selon un communiqué diffusé le 24 octobre dernier, les diplomates américains en Mauritanie ont exhorté le pays à « renoncer à la voie de l'isolement et de l'affrontement avec la communauté internationale. Nous demeurons convaincus que seuls un retour de l'ordre constitutionnel et la réconciliation avec la communauté internationale permettront à la Mauritanie de trouver des solutions légitimes et durables aux nombreuses difficultés qu'elle doit surmonter. »