Élections 2008 | Le peuple américain choisit ses dirigeants
21 novembre 2008
Le vice-président Joseph Biden
Cet article est extrait de la publication du département d'État Barack Obama : 44e Président des États-Unis.
« Lorsque je réfléchis à ma carrière d'homme politique, je suis particulièrement fier du travail que j'ai accompli pour mettre fin au génocide dans les Balkans et pour faire adopter la loi contre la violence à l'égard des femmes. » Cette citation est extraite de l'autobiographie publiée en 2007 sous le titre Promises to Keep : On Life and Politics par Joseph ( Joe) Biden, alors sénateur et aujourd'hui vice-président des États-Unis.
Les origines de Joe Biden permettent de mieux comprendre cette citation. Il est né en 1942 à Scranton (Pennsylvanie), dans une famille modeste d'origine irlandaise. Son père vend des voitures, tandis que sa mère élève les enfants. La famille s'installe dans le Delaware lorsqu'il a dix ans. Il sera le premier de sa famille à obtenir un diplôme universitaire, qu'il complétera par des études de droit à l'université de Syracuse, dans l'État de New York.
Le tournant de sa carrière politique intervient en 1972, lorsqu'il est élu au Sénat des États-Unis à l'âge de vingt-neuf ans. Quelques semaines avant qu'il prête serment au Sénat, sa femme et sa fille seront tuées dans un accident de voiture. Ses deux jeunes fils, bien que gravement blessés, survivront à cet accident. (Il se remariera en 1977 et aura une fille de ce second mariage). Une autre catastrophe se produit en 1988 : les médecins découvrent qu'il souffre de deux anévrismes cérébraux qui pourraient lui être fatals. Absent du Sénat pendant sept mois, Joe Biden restera cloué au lit pendant quasiment toute cette douloureuse convalescence.
Durant sa carrière au Sénat des États-Unis, Joe Biden figure parmi les membres progressistes de son parti. Bien qu'il soit apprécié par les républicains et qu'il travaille avec l'opposition, il soutient le plus souvent les positions de son propre parti. Le Washington Post indique notamment qu'au cours de ses deux dernières années au Sénat il a voté avec les démocrates dans 96,6 % des scrutins. Selon Michael Gordon, du New York Times, Joe Biden est « généralement considéré comme un internationaliste de tendance progressiste ».
Au cours de ses premières années au Sénat, Joe Biden se consacre aux affaires intérieures, en particulier aux libertés individuelles, à l'ordre public et aux droits civiques. Il devient membre de la commission judiciaire du Sénat en 1975 et en assure la présidence de 1987 à 1995. Sa contribution la plus remarquée sera la loi contre la violence à l'égard des femmes, dont il est l'auteur en 1994.
Joe Biden ne s'est toutefois pas toujours coulé dans le moule progressiste traditionnel. C'est ainsi qu'il s'est fait l'avocat de lourdes peines dans les affaires de stupéfiants. Tout en mettant en avant son attachement à la promotion des droits civiques, il s'est également opposé aux projets de ramassage scolaire visant à assurer l'intégration raciale.
Sa conception des affaires étrangères
Joe Biden va également se distinguer au Sénat dans le domaine des affaires étrangères. Il devient membre de la très influente commission des affaires étrangères en 1975 et en assure la présidence de 2001 à 2003, puis de 2007 à 2009. Affecté à cette commission après son élection au Sénat en 2004, Barack Obama apprend à bien connaître Joe Biden, et il dirige la sous-commission des affaires européennes, dont Joe Biden assurait autrefois la présidence.
Les deux hommes ont toutefois adopté des vues différentes sur un dossier clé. Joe Biden a voté en faveur de la résolution du Sénat autorisant l'invasion américaine en Irak, alors que Barack Obama (qui n'était pas encore sénateur) s'y est opposé.
Avant de voter en faveur de la résolution finale, Joe Biden se rapprochera du sénateur républicain de l'Indiana, Richard Lugar, pour faire adopter une résolution n'autorisant une action militaire qu'après épuisement des recours de la voie diplomatique, tentative qui échouera. Mais il votera aussi contre un amendement qui aurait obligé le gouvernement Bush à demander une nouvelle autorisation avant d'envahir l'Irak. En 2005, il qualifiera son vote « d'erreur ». Lors d'un rassemblement politique réunissant Barack Obama et Joe Biden à Springfield (Illinois), Barack Obama a qualifié Joe Biden « de grand spécialiste de la politique étrangère, dont le cœur et les valeurs sont fermement ancrés dans la classe moyenne ». Barack Obama l'a également qualifié de « juge impitoyable de la politique étrangère de George Bush et de John McCain ».
Joe Biden a beaucoup voyagé à l'étranger lorsqu'il était membre de la commission sénatoriale des affaires étrangères. Il appelle par leur prénom de nombreux dirigeants étrangers, mais aussi leurs adjoints et principaux collaborateurs, ainsi que des dirigeants de l'opposition. Il a traité d'importants dossiers en matière de contrôle des armements, de prolifération nucléaire, d'élargissement de l'OTAN, de rivalité entre les superpuissances, et de relations entre les États-Unis et le monde en développement.
Il s'est en outre fait l'avocat de l'Initiative mondiale contre le sida et a été parmi les premiers à soutenir les efforts internationaux en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre (il a rédigé la première loi sur les changements climatiques il y a vingt ans).
Il a également soutenu la plupart des accords de libre-échange. Il a manifesté un intérêt particulier pour l'Afrique durant toute sa longue carrière de sénateur. Il s'est opposé très tôt au régime de l'apartheid en Afrique du Sud et préconise un renforcement de l'action au Darfour pour mettre fin aux effusions de sang.
Pour la plupart des observateurs, la plus grande réussite de Joe Biden en politique étrangère reste son action visant à mettre un terme aux hostilités dans les Balkans dans les années 1990. Selon eux, il a joué un rôle essentiel en incitant le gouvernement Clinton à agir contre le dirigeant serbe Slobodan Milosevic.
Lors de leur rassemblement politique à Springfield, Barack Obama dira que Joe Biden « a contribué à formuler la politique qui a permis d'arrêter la tuerie dans les Balkans ». Joe Biden a notamment encouragé une intervention pour mettre fin à l'épuration ethnique des musulmans de Bosnie.
À deux reprises, Joe Biden a présenté sa candidature à la présidence : en 1988 et à nouveau en 2008. Il a échoué dans ces deux tentatives. Selon les responsables de la campagne électorale de Barack Obama, le choix de Joe Biden comme colistier s'expliquait par de nombreuses raisons, notamment l'expérience et les résultats obtenus par le sénateur du Delaware en politique étrangère. Joe Biden est le premier catholique à accéder à la vice-présidence et le premier vice-président provenant du Delaware.
