Dépasser les frontières du connu

28 octobre 2008

Les données de sondes spatiales permettront l'exploration plus poussée de Mars

Le lancement du Mars Science Laboratory est toujours prévu pour 2009 en dépit de la montée des coûts.

 
Un robot géologue de la NASA
Le laboratoire scientifique martien de la NASA est un robot mobile qui enquête la possibilité de vie microbicrobienne sur Mars.

Washington - À des centaines de millions de kilomètres de la Terre, sur une planète rouge qui fait l'objet de toutes les attentions des scientifiques, la mission d'un vaisseau spatial a été prolongée jusqu'en 2010, deux sondes continuent leur travail bien après la fin de leur mission primaire et un site d'atterrissage est en train d'être choisi sur Mars pour accueillir le robot mobile le plus capable à ce jour.

Le Mars Science Laboratory (MSL) - robot mobile de haute technicité de 1,6 milliard de dollars, plus grand et plus agile que Spirit et Opportunity, les deux sondes envoyées par la NASA pour explorer Mars en 2004 - est en cours de mise au point en vue d'un lancement en septembre-octobre 2009.

En dépit des « progrès techniques incroyables » réalisés depuis trois années de recherche-développement, Doug McCuistion, directeur du programme de la NASA pour l'exploration de Mars, a annoncé lors d'une conférence de presse, le 10 octobre, que les retards dans la livraison de certains matériels et logiciels avaient fait monté le coût du MSL de quelque 300 millions de dollars : il se chiffre maintenant à 1,9 milliard de dollars.

Après une réunion le 10 octobre avec l'administrateur de la NASA, Michael Griffin, la troisième prévue en 2008 pour examiner les progrès et l'état de la construction du MSL, McCuistion a déclaré que la NASA continuerait à travailler sans relâche pour arriver à un lancement en 2009.

Le principal problème réside dans les retards de livraison des petits moteurs (les « activateurs ») utilisés dans les « poignets » et les « coudes » du bras robotique, des systèmes d'échantillonnage et de plusieurs autres applications.

« Du fait de la masse et de la taille du MSL », a précisé M. McCuistion, « ce sont des moteurs relativement complexes et difficiles à fabriquer ».

Les experts de la NASA prévoient que tous les activateurs seront livrés fin novembre ou début décembre, en temps voulu pour que l'on  monte les mécanismes avant les essais prévus pour le printemps de 2009.

La prochaine réunion d'évaluation du MSL avec M. Griffin est prévue pour le début de janvier 2009. Si le MSL manque la période de tir de 2009, il devra attendre 26 mois avant d'en retrouver une en 2011.

« Il serait facile de dire qu'on laisse tomber et qu'on reviendra plus tard », a déclaré Ed Weiler, administrateur associé de la direction des missions scientifiques de la NASA, « mais nous y avons déjà consacré un milliard et demi de dollars. La science est critique. Il s'agit d'une mission phare du programme de Mars et tant qu'il sera techniquement possible de la réussir, nous ferons tout ce que nous devons faire pour y arriver. »

Les caméras et spectrographes puissants d'un autre vaisseau spatial, le Mars Reconnaissance Orbiter, collectent des données qui aideront les scientifiques à évaluer divers sites d'atterrissage. Le site devrait être choisi en juin 2009.

Mars Odyssey

Le 9 octobre, la NASA a prolongé jusqu'en septembre 2010 la mission de Mars Odyssey, le vaisseau spatial le plus ancien des six qui étudient la planète rouge. Nommé d'après le film « 2001, l'odyssée de l'espace », l'orbiteur a atteint Mars en 2001 et a terminé sa mission première en 2004.

Ses principaux objectifs étaient de détecter les principaux dangers qu'encourraient les futurs explorateurs humains de l'espace, d'en apprendre plus sur la composition de Mars et de trouver la glace enfouie à peu de profondeur sous la surface du sol martien.

Pour sa mission « étendue », Odyssey va changer d'orbite afin d'augmenter sa sensibilité de cartographie en infrarouge des minéraux martiens et de pouvoir pointer sa caméra avec plus de souplesse que précédemment.

Après en avoir reçu l'ordre du Jet Propulsion Laboratory de la NASA en Californie et des Lockheed Martin Space Systems dans le Colorado, Odyssey a allumé ses propulseurs pendant près de 6 minutes le 30 septembre, dernier jour de la deuxième prolongation de deux ans de sa mission.

L'augmentation de la sensibilité qui permettra d'identifier les minéraux de surface est un des principaux objectifs scientifiques de la prolongation de la mission. L'équipe responsable de l'Odyssey va également commencer à changer l'angle de prises de vue à la verticale de la caméra afin de remplir certains vides de la carte martienne précédemment établie et de créer des images tridimensionnelles.

Odyssey continuera à fournir un soutien indispensable aux missions sur la surface de Mars et à mener ses propres mesures. Il a retransmis pratiquement toutes les données provenant des rovers Spirit et Opportunity et il retransmet avec le Mars Reconnaissance Orbiter de la NASA celles de Phoenix.

Spirit et Opportunity

Les deux robots géologues de la NASA ont atterri sur Mars en janvier 2004, aux antipodes l'un de l'autre, pour des missions de 90 jours destinées à trouver des réponses concernant l'histoire de l'eau sur la planète. Aujourd'hui, 5 ans après le début de leur travail, ils commencent à montrer leur âge mais leurs missions ont été prolongées, peut-être jusqu'en 2009.

Opportunity a fourni des preuves que, dans un passé lointain, il y a eu de l'eau pendant longtemps dans la région de Mars où il se trouve et que les conditions ambiantes auraient permis l'existence d'une vie microbienne. Spirit, dans sa région, a trouvé que la composition minérale de certains sols et rochers avait été modifiée par la présence d'eau sous une forme ou une autre.

Opportunity a analysé une série de strates rocheuses exposées montrant comment les conditions environnementales avaient changé durant la période de leur formation et les avaient modifiées - des dunes poussées par le vent étaient apparues et avaient disparu et le niveau hydrostatique avait aussi fluctué.

Spirit a enregistré la formation et les mouvements de tourbillons de poussière : les images ont été assemblées en clips vidéo montrant les interactions entre la surface et l'atmosphère de la planète. Les deux robots ont trouvé des météorites métalliques et Opportunity a découvert un rocher dont la composition était semblable à celle d'un météorite trouvé sur notre planète.

Plus récemment, Opportunity a continué à se déplacer vers le sud en suivant la crête du cratère Victoria et à prendre des photos en cours de route. Il étudie également l'atmosphère martienne, à la recherche de nuages, et il examine périodiquement ses collecteurs externes de poussière.

Spirit va pouvoir commencer à communiquer plus fréquemment avec les ingénieurs sur terre parce que la charge de ses batteries qui s'était quelque peu affaiblie pendant l'hiver martien remonte progressivement. Il reste en contact en transmettant ses données à l'orbiteur Odyssey qui les relaie vers la Terre.

Pour plus d'informations sur le Mars Science Laboratory, la mission Mars Exploration Rover et Mars Odyssey, consulter le site web de la NASA.

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