Dépasser les frontières du connu

13 mai 2008

La sonde Cassini montre que les conditions requises pour la vie existent sur Encelade

Le survol du 12 mars donne à penser que l'intérieur de ce satellite de Saturne pourrait être liquide.

 
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L'Encelade
La lune saturnienne d'Encelade vue du côté non illuminé des anneaux de Saturne. (Image © NASA/JPL/SSI)

Washington - Le survol le plus proche à ce jour d'Encelade, un des satellites de Saturne, par la sonde Cassini de la NASA montre qu'un des objets les plus brillants du système solaire pourrait abriter tous les éléments nécessaires à la vie.

Cassini a survolé Encelade à une vitesse de 15 km/seconde et une altitude de 50 km seulement lors de son quatrième passage au-dessus de cette lune, le 12 mars, le survol le plus proche à ce jour d'aucun corps céleste, et est passé à travers une de ses éjections semblables à des geysers.

Les instruments de Cassini avaient découvert l'existence de ces geysers en 2005 : ces éruptions continuelles d'eau glacée créent autour du satellite un gigantesque halo de grains de glace et de gaz qui enrichit l'anneau E de Saturne dans lequel gravite Encelade.

Lors de ce dernier survol, les instruments ont « reniflé » et « goûté » les éjections, a déclaré Hunter Waite, principal chercheur responsable du spectromètre ionique de masse neutre au Southwest Research Institute (Texas), y trouvant « du méthane, du gaz carbonique et des composants organiques simples et complexes ».

Pris ensemble, la chaleur de l'intérieur de la planète et la présence de molécules organiques et d'eau donnent à Encelade ce que les chercheurs appellent un « potentiel astrobiologique ».

« Nous trouvons sur Encelade les trois éléments indispensables à l'origine de la vie » a dit Larry Esposito, principal chercheur responsable du spectrographe imageur à ultraviolets de l'université du Colorado à Boulder, lors d'un entretien avec la presse le 26 mars.

« Nous avons de l'eau, bien qu'elle ne soit peut-être pas liquide, nous avons des composants organiques détectés par le spectromètre ionique de masse, et nous avons aussi de la chaleur, détectée par le spectromètre à infrarouge. Ces trois éléments sont le minimum indispensable à l'origine de la vie ».

Mesures

La mission Cassini-Huygens est un projet dans lequel coopèrent la NASA, l'Agence spatiale européenne (ESA) et l'Agenzia Spaziale Italiana, l'agence spatiale italienne.

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La plume d'eau de l'Encelade
La sonde Cassini a obtenu des nouvelles mesures du jet d'eau d'Encelade. (Image © NASA/JPL/SSI/Université de Chicago)

Le 1er juillet 2004, l'engin Cassini-Huygens (ainsi nommé après l'orbiteur de la NASA Cassini et la sonde de l'ESA Huygens) a allumé un de ses moteurs principaux pour réduire sa vitesse et se laisser capturer par l'attraction gravitationnelle de Saturne et entrer dans son orbite. La sonde Huygens a atterri sur Titan, la plus grosse lune de Saturne, en janvier 2005. La mission de quatre ans, conçue pour explorer la planète aux anneaux, ses lunes mystérieuses, ses anneaux et son environnement magnétique complexe, va se terminer en juin.

À cette date, Cassini aura parcouru 74 orbites de la planète, survolé 44 fois de près les brumes de Titan et accompli de nombreux autres survols des autres satellites glacés de Saturne. Par la suite, une mission plus longue prévoit sept autres survols d'Encelade, dont le prochain en août.

Les chercheurs ont utilisé trois méthodes de mesure différentes - à distance, directe et par ce que l'on appelle l'occultation (blocage de la lumière) d'une étoile - pour collecter leurs informations.

·        Le spectromètre à infrarouge a « regardé » la surface d'Encelade et mesuré les températures et les radiations thermiques ;

·        Le spectromètre ionique de masse a déterminé la composition chimique et en éléments de l'atmosphère du satellite ;

·        Le spectrographe imageur à ultraviolet a observé le passage de Zeta Orionis, une des étoiles de la ceinture d'Orion, derrière un des geysers et a utilisé la mesure de sa lumière pour déterminer la forme, la structure et la composition du geyser.

Ces mesures ont confirmé les résultats de l'analyse théorique menée avant les survols, qui avait montré que Cassini pouvait s'approcher sans danger d'Encelade et même passer à travers un de ses geysers lors du survol du 12 mars.

Les cartes thermiques de la surface font apparaître des températures plus élevées que l'on avait enregistrées dans la région du pôle sud avec des traînées chaudes suivant des fissures géantes. Les scientifiques disent que les composants organiques trouvés sur Encelade sont semblables à ceux découverts sur les comètes.

Habitat

On trouve au moins cinq sortes de terrains différents sur Encelade. Certaines parties sont couvertes de cratères dont le diamètre ne dépasse pas 35 km. D'autres régions sont sans cratères, preuve d'importants mouvements de résurgence lors d'un passé géologique récent. On trouve aussi des plaines, des fissures et des terrains ondulés ainsi que d'autres déformations de la croûte. Tout cela indique qu'aujourd'hui l'intérieur de la planète pourrait être liquide alors qu'il aurait dû être gelé il y a des éternités.

« On ne peut pas encore voir, ni dire, si l'intérieur d'Encelade contient de l'eau liquide et si cette eau peut constituer un habitat pour la vie » a déclaré M. Esposito.

Lors des prochains survols - en août, octobre et l'année prochaine - les scientifiques essaieront de répondre à la question suivante : « Qu'est-ce qui, à l'intérieur d'Encelade, cause ces éjections et ces geysers, et quel rapport cela pourrait-il avoir avec un habitat possible pour la vie ? »

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