Élections 2008 | Le peuple américain choisit ses dirigeants

12 novembre 2008

La politique étrangère de M. Obama devrait mettre l'accent sur le multilatéralisme

Propos d'un politologue du Centre d'études stratégiques et internationales

 
Barack Obama et Nicholas Sarkozy le 25 juillet à Paris.
M. Barack Obama s'est entretenu avec le président français, M. Nicholas Sarkozy le 25 juillet 2008 au palais de l'Élysée à Paris.

Washington - Lorsque M. Barack Obama entrera en fonctions le 20 janvier, il est probable que sa politique étrangère sera différente, mais que sa modification ne sera pas soudaine, a indiqué M. Stephen Flanagan, du Centre d'études stratégiques et internationales, au Centre d'accueil de la presse étrangère du département d'État, le 4 novembre.

« On attend énormément » du futur gouvernement Obama et « des progrès réels sont tout à fait possibles », mais les choses ne pourront pas changer très rapidement, étant donné que le nouveau président aura à faire face immédiatement à la crise financière mondiale, à deux guerres à l'étranger et à de nombreuses autres questions prioritaires de politique intérieure qui exigeront son attention, a déclaré M. Flanagan.

Tout au long de sa campagne électorale, M. Obama a souligné son désir de collaborer davantage avec les alliés des États-Unis et de renforcer les relations avec eux. L'état-major de sa campagne a déclaré à de multiples reprises que sa politique étrangère mettrait l'accent sur le multilatéralisme et qu'elle chercherait à redorer le blason des États-Unis à travers le monde.

On peut s'attendre à des rapports différents entre les États-Unis et le reste de la communauté internationale et à un plus grand engagement en faveur du multilatéralisme. C'est là une orientation que de nombreux pays souhaitent, a dit M. Flanagan en citant les résultats de plusieurs sondages effectués à l'étranger. En outre, selon des sondages réalisés aux États-Unis, « de nombreux Américains estiment à l'heure actuelle que la politique étrangère américaine ne s'oriente pas tout à fait dans la bonne direction ».

On s'intéresse beaucoup dans le monde à la façon dont le nouveau président va œuvrer de concert avec les alliés des États-Unis, entretenir des relations avec les institutions internationales et faire face aux problèmes internationaux.

La plupart des Américains s'attendent à ce que les guerres en Irak et en Afghanistan figurent parmi les questions prioritaires de la politique étrangère de M. Obama, tout comme la crise financière qui a des répercussions dans le monde entier.

Avant même d'entrer en fonctions, M. Obama examinera des propositions relatives à la guerre en Irak et cherchera à donner progressivement de plus grandes responsabilités au peuple irakien.

Barack Obama et Royaume-Uni
M. Barack Obama et le Primier ministre du Royaume-Uni, M. Gordon Brown, en juillet 2008.

En outre, il examinera la lutte contre l'extrémisme à caractère violent et le terrorisme au niveau mondial, en particulier en Afghanistan et au Pakistan. Il se peut qu'il décide que la lutte contre le terrorisme exige une ligne d'action plus multilatérale.

Face aux changements climatiques, sujet auquel les Européens s'intéressent tout particulièrement, il est probable que M. Obama cherchera à redynamiser les partenariats avec les alliés européens.

Pour ce qui est de la Russie, il cherchera aussi à trouver des terrains d'entente avec ce pays dans des domaines d'intérêt commun.

Le futur gouvernement Obama héritera de nombreux bons rapports avec les pays asiatiques et prêtera probablement une attention particulière à la Chine et à l'Inde, deux grandes puissances qui sont appelées à « jouer un rôle énorme dans le système économique international ».

En ce qui concerne l'Afrique, il devrait reconnaître « l'importance croissante » de ce continent. M. Flanagan a déclaré s'attendre à ce que les États-Unis jouent un rôle important pour faciliter la coopération régionale dans les domaines tant économique que politique en Afrique.

Tout au long de sa campagne électorale, M. Obama a indiqué qu'il comptait examiner les accords commerciaux conclus entre les États-Unis et des pays d'Amérique latine et il a critiqué certains des accords de libre-échange actuellement en vigueur. « Je ne pense pas, a dit M. Flanagan, qu'il soit opposé au libre-échange, mais je pense qu'il souhaite plutôt examiner de plus près la manière dont certains de ces accords ont été conclus. »

Comme tout président, M. Obama aura à faire face à des problèmes sans précédent. « Il est presque inévitable, a dit M Flanagan, qu'il y ait un événement qui ne manquera pas de mettre à l'épreuve le nouveau président », tel qu'un attentat terroriste ou un problème de grande importance lié à la crise financière.

De nombreux président se sont heurtés à de graves crises internationales dès le début de leur mandat. C'est ainsi que, seulement neuf mois après avoir assumé la présidence, le président Bush a dû faire face aux conséquences des attentats du 11 septembre 2001.

C'est pourquoi les présidents commencent, avant d'entrer en fonctions, à mettre sur pied l'équipe qui sera chargée de formuler la politique étrangère du pays. Dans les semaines à venir, M. Obama nommera notamment son secrétaire d'État (ministre des affaires étrangères), son ministre de la défense et son conseiller en matière de sécurité, personnes qui seront toutes appelées à jouer un rôle important pour ce qui est de la définition des objectifs du nouveau gouvernement dans le domaine de la politique étrangère.

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