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15 décembre 2008

Le gouvernement du Zimbabwé a perdu sa légitimité

Article de l'ambassadeur des États-Unis au Zimbabwé, M. James McGee

 
James McGee
L'ambassadeur des États-Unis au Zimbabwé, M. James McGee.

L'article ci-après de l'ambassadeur des États-Unis au Zimbabwé, M. James McGee, a paru le 12 décembre 2008 dans le journal The Zimbabwe Independent (http://www.thezimbabweindependent.com). Il appartient au domaine public.

On trouvera de plus amples informations sur l'aide des États-Unis au Zimbabwé dans l'article intitulé L'USAID va apporter une nouvelle aide de 6,2 millions de dollars au Zimbabwé.

(Début de l'article)

Le gouvernement zimbabwéen n'est plus en charge

James McGee

Le président Bush a récemment dénoncé le gouvernement illégitime de Robert Mugabe et appelé de ses vœux la formation d'un gouvernement qui mette fin à la répression et qui exprime la volonté du peuple zimbabwéen. Le 29 mars dernier, ce peuple a voté de manière décisive pour un changement de direction. Il a exigé un meilleur gouvernement. Or, il faut le dire, les perdants de l'élection ont fait la sourde oreille à la plupart de ces réclamations ; c'est pourquoi le président des États-Unis a qualifié ce gouvernement d'illégitime. Néanmoins, le gouvernement Mugabe continue chaque jour de compromettre sa légitimité par son incapacité de satisfaire l'obligation fondamentale de tout gouvernement : s'occuper de la population.

Les gouvernements sont là pour protéger les citoyens et assurer leur bien-être. Le gouvernement actuel a essentiellement abdiqué cette responsabilité, si bien qu'aujourd'hui, c'est à la communauté internationale qu'est revenue la prise en charge d'un grand nombre de Zimbabwéens en détresse. Je me félicite du rôle de premier plan que jouent les États-Unis à cet égard, quoiqu'il ne faille pas oublier que nous faisons ce que le gouvernement zimbabwéen devrait faire mais choisit de ne pas faire.

Le président Robert Mugabe
M. Mugabe et ses ministres s'achètent des centaines de voitures et des produits de luxe tandis que les Zimbabwéens meurent de faim.

Au cours de l'année écoulée, les États-Unis ont distribué au Zimbabwé une aide humanitaire supérieure à 218 millions de dollars. Ils sont le premier pays donateur mondial de produits alimentaires de base : leur aide d'urgence dans ce domaine a totalisé 211 millions de dollars. De plus, les États-Unis assurent près de 70 % de l'aide internationale distribuée au Zimbabwé par l'intermédiaire d'ONG et du Programme alimentaire mondial de l'ONU. Nous avons contribué à hauteur de près de 30 millions de dollars aux programmes de lutte contre le sida et de 33 % aux programmes du Fonds mondial. À l'heure actuelle, nous préparons un don supplémentaire de 0,6 million de dollars au titre de la lutte d'urgence contre l'épidémie de choléra qui dévaste en ce moment le pays.

[N.B. : Moins d'une semaine après avoir donné 600.000 dollars pour aider le gouvernement zimbabwéen et des organisations internationales à juguler l'épidémie de choléra, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a annoncé qu'elle allait accroître son aide de 6,2 millions de dollars.]

Que fait pendant ce temps-là le gouvernement Mugabe ? Il s'achète des centaines de voitures, pour que chaque ministre et chaque gouverneur ait plusieurs véhicules à sa disposition. Il achète aux magistraux des téléviseurs à écran plasma. Il étouffe le secteur privé de manière à contraindre les mines et les usines à fermer et à licencier leur personnel, tout en harcelant les organisations non gouvernementales qui s'efforcent de secourir ces malheureux Zimbabwéens. Ainsi, dans ce pays, la faim généralisée, l'épidémie de choléra et la faillite des secteurs éducatif et sanitaire ne résultent nullement d'aucune sanction ciblée. Ces échecs retentissants sont le fruit des décisions prises par une poignée de dirigeants zimbabwéens qui ont placé leurs intérêts personnels avant l'intérêt général. Au lieu d'affecter de précieuses ressources financières à des produits chimiques d'épuration de l'eau qui pourraient enrayer l'épidémie de choléra, ils manipulent le cours de la monnaie pour leur profit personnel. Au lieu de faire en sorte que les hôpitaux et les cliniques restent ouverts et bien dotés de personnel et de fournitures, ils mènent une vie de luxe à l'intérieur de leurs complexes d'habitation sécurisés. Au lieu de verser aux enseignants un salaire acceptable afin que la génération montante puisse s'instruire, ils s'en vont de par le monde, se livrant à des dépenses extravagantes, pendant que la population zimbabwéenne souffre et meurt.

Les États-Unis sont résolus à poursuivre leur aide à cette population grâce à la distribution de vivres et de fournitures médicales, à l'amélioration de la qualité de l'eau et de l'assainissement et à toute autre chose nécessaire pour sauver des vies et atténuer les souffrances. Je voudrais seulement que les autorités illégitimes de ce pays puissent ressentir la même compassion et le même engagement envers leur propre peuple. J'invite ces chefs à rabattre un peu leur cupidité personnelle pour s'engager à dépenser ne serait-ce que le quart de ce que les États-Unis et les autres donateurs dépenseront cette année pour satisfaire les besoins humanitaires des Zimbabwéens.

Le montant des sommes affectées par les États-Unis à l'aide au Zimbabwé peut être connu de n'importe qui. Le gouvernement de M. Mugabe devrait rendre publics ses livres comptables et révéler au monde combien il dépense pour le peuple zimbabwéen et combien il dépense pour ses véhicules de luxe, pour sa campagne de violence brutale contre le peuple et pour ses efforts désespérés visant à rester coûte que coûte au pouvoir.

En bref, les prétendus dirigeants de ce pays doivent cesser d'alimenter leur soif insatiable de gain et prendre en charge les citoyens zimbabwéens pauvres et méritants qui pâtissent de leur corruption. Cinq millions d'habitants auront peut-être besoin d'une aide alimentaire au cours des mois prochains. Plus de 15.500 d'entre eux ont contracté le choléra qui a déjà tué 746 personnes et dont l'épidémie ne fait que commencer. On ne sait combien de milliers ont souffert ou sont morts faute d'accès à des soins médicaux. Nous restons prêts à leur apporter notre aide. Toutefois, en ce moment-même, la communauté internationale ne fait pas qu'aider : elle se voit obligée de prendre l'initiative, à cause de la négligence criminelle du gouvernement Mugabe. Il est temps que ce dernier accepte la responsabilité des problèmes qu'il a créés et qu'il les répare.

Les Zimbabwéens méritent mieux, ils ont réclamé mieux par la voie des urnes. Combien de temps devront-ils souffrir avant que le gouvernement n'obtempère ?

(Fin de l'article)

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