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16 janvier 2009

Mme Clinton donne un aperçu de la politique africaine du futur gouvernement Obama

L'audition de la secrétaire d'État désignée devant une commission sénatoriale

 
Hillary Clinton le 13 janvier 2009
La secrétaire d'État désignée Hillary Clinton le 13 janvier 2009, lors de sa séance de confirmation.

Washington - Les objectifs de politique étrangère du futur gouvernement Obama en Afrique subsaharienne se fondent sur des intérêts d'ordre sécuritaire, politique, économique et humanitaire, a déclaré la secrétaire d'État nommée par M. Barack Obama, Mme Hillary Clinton, le 13 janvier devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.

Ces objectifs, a-t-elle indiqué, consistent notamment « à lutter contre les tentatives d'Al-Qaïda en vue de trouver refuge dans les États en déliquescence de la Corne de l'Afrique, à aider les pays africains à préserver leurs ressources naturelles et à en recevoir une juste rémunération, à mettre fin à la guerre du Congo, à mettre un terme au régime autocratique du Zimbabwé et au désastre humanitaire du Darfour ».

En outre, a-t-elle dit, les États-Unis apporteront un soutien à des pays démocratiques tels que l'Afrique du Sud et le Ghana. Dans ce dernier pays, la passation des pouvoirs vient d'avoir lieu de façon ordonnée pour la seconde fois après des élections démocratiques.

Enfin, les États-Unis doivent œuvrer de concert avec les pays africains en vue de la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement dans les domaines de la santé, de l'éducation et des possibilités économiques, a-t-elle souligné en faisant allusion à l'ensemble des objectifs fixés par l'ONU afin de réduire la pauvreté et la faim chronique, de parvenir à l'enseignement universel, à l'égalité des sexes et à la protection infantile et maternelle, de lutter contre le sida, de protéger l'environnement de manière durable et d'encourager les partenariats au niveau mondial.

« Le gouvernement reconnaît que nous partageons un lien d'humanité avec les peuples du monde, même si nous ne sommes pas entièrement d'accord avec certains gouvernements. Investir dans cette appartenance commune fait progresser notre sécurité, car nous préparons ainsi un monde plus pacifique et plus prospère », a-t-elle fait remarquer.

La future secrétaire d'État, dont la nomination doit être entérinée par le Sénat pour qu'elle puisse exercer ses fonctions, a également souligné l'importance de la participation des États-Unis à la lutte mondiale contre le sida. « Aujourd'hui, après de nombreux efforts, dont le plan d'aide d'urgence du président Bush à la lutte contre le sida à l'étranger et le travail d'organisations non gouvernementales et de fondations, les sondages d'opinion réalisés dans de nombreux pays africains illustrent le large soutien dont jouissent les États-Unis. Ceci est vrai même parmi les habitants musulmans de la Tanzanie et du Kénya, où les États-Unis sont considérés comme un leader de la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. »

Les États-Unis ont la possibilité de bâtir sur ce succès en collaborant avec des organisations non gouvernementales pour développer l'infrastructure médicale en Afrique afin de permettre à un nombre croissant de patients d'avoir accès à des médicaments, de diminuer les cas de transmission du VIH de la mère à l'enfant et de réduire le nombre de décès.

Hillary Clinton et Nelson Mandela
Mme Clinton s'entretient avec le président Nelson Mandela lors d'une visite à l'île Robben (Afrique du Sud) le 20 mars 1997.

Le Darfour, le Zimbabwé et l'est du Congo

Par ailleurs, le gouvernement Obama portera son attention sur le Darfour. « C'est là un domaine qui me préoccupe beaucoup, comme c'est le cas pour le président nouvellement élu, a dit Mme Clinton. Nous sommes en train de considérer l'ensemble des solutions que nous estimons être réalisables. Nous le faisons de concert avec le ministère de la défense. Il est extrêmement nécessaire pour nous de tirer de nouveau la sonnette d'alarme au sujet du Darfour. Il s'agit d'une crise humanitaire effroyable, aggravée par un gouvernement corrompu et très cruel à Karthoum, et il importe que le monde sache que nous avons l'intention de nous attaquer à ce problème de la manière la plus efficace dès que nous aurons terminé notre examen et de faire participer le plus grand nombre de gens possible afin que nous puissions exécuter la mission de la force de l'ONU et de l'Union africaine, qui n'est pas encore opérationnelle (…) Nous allons nous efforcer de la mettre en place. »

Mme Clinton a indiqué que le chaos, notamment sous la forme de la piraterie, provenait d'États en déliquescence comme la Somalie. Si l'on ajoute le Zimbabwé, où le gouvernement du président Robert Mugabe maltraite la population, et l'est du Congo, où règnent l'anarchie et la violence, le chaos continue de susciter des problèmes en Afrique subsaharienne.

Ces pays, a-t-elle dit, constituent un terrain propice non seulement aux pires abus, qu'il s'agisse de massacres, de viols, de l'indifférence envers les maladies et d'autres calamités, mais aussi une invitation pour les terroristes à trouver refuge dans le chaos.

L'enseignement et les investissements dans le domaine social

Les États-Unis peuvent accroître le soutien dont ils jouissent en œuvrant de concert avec des organisations non gouvernementales et des groupements internationaux pour construire des écoles et pour former des enseignants.

« Le président nouvellement élu, a-t-elle dit, est en faveur de la création d'un fonds mondial destiné à développer l'enseignement laïque dans le monde. Je souhaite souligner le rôle important que doit jouer l'approche dite du bas vers le haut pour que les États-Unis restent une force positive dans le monde. Le président nouvellement élu en est également convaincu. Investir dans notre humanité commune par des actions de développement social n'est pas un aspect marginal de notre politique étrangère, mais une condition fondamentale de la réalisation de nos objectifs. »

Enfin, Mme Clinton a souligné l'importance du microcrédit. « Je tiens à dire que la mère de M. Obama, Ann Dunham, a joué un rôle de pionnière en matière de microcrédit en Indonésie. Dans le cadre des mes propres travaux sur le microcrédit dans divers pays, qu'il s'agisse du Bangladesh, du Chili, du Vietnam, de l'Afrique du Sud et de nombreux autres pays, j'ai constaté de près la façon dont les petits prêts accordés à des femmes démunies aux fins de création d'une entreprise peuvent accroître le niveau de vie de la population et transformer l'économie locale. La mère de M. Obama avait prévu d'assister à un forum sur le microcrédit à la Conférence sur la femme de Pékin en 1995, à laquelle j'ai participé. Malheureusement, elle était très malade et n'a pas pu se déplacer. Elle est morte quelques mois plus tard.

Je pense qu'il est juste de dire que ses travaux dans le domaine du développement international et ce qu'elle a fait pour les femmes et les désavantagés à travers le monde ont eu une grande influence sur son fils. Je suis convaincu qu'ils ont influencé ses vues et sa conception du monde. Ce sera un honneur pour nous de poursuivre les travaux d'Ann Dunham dans les années à venir. »

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