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Réfugiés juifs polonais arrivant à Vienne dans le cadre de la Brihah (fuite massive des Juifs d’Europe orientale après-guerre). Autriche, été 1946. Autres photographies |
BRIHAH |
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La Brihah (le terme hébreu signifiant "fuite") fut le nom donné à l'émigration illégale organisée qui eut lieu après la guerre à partir d'Europe de l'Est vers les zones d'occupation occidentale de l'Allemagne et vers la Palestine. Le mouvement clandestin des Juifs hors de Pologne vers l'ouest eut pour origine une conférence organisée par de jeunes sionistes polonais à Lublin à la fin de 1944, après la libération de la ville par les Soviétiques. Abba Kovner, partisan et poète, fut l'un des premiers dirigeants de cette organisation qui, à l'origine, n'avait aucun lien avec les autorités juives en Palestine. Les membres des organisations sionistes firent traverser clandestinement des milliers de Juifs les frontières polonaises avec la Tchécoslovaquie, la Hongrie (par les monts Tatra de Haute-Silésie jusqu'à Prague et Budapest) et les placèrent dans des camps de personnes déplacées en Allemagne, en Autriche et en Italie. Les officiers de la Brigade juive de l'armée britannique assuraient le contrôle de l'opération, avec des agents de la Hagana (l'armée clandestine juive en Palestine) qui tentaient de faire voyager autant de personnes déplacées que possible en Palestine, en passant par l'Italie. L'opération était financée par le Jewish Joint Distribution Committee, la plus importante organisation caritative juive américaine. Comme l'exode des Juifs s'intensifia en juillet 1946 (après un pogrom contre les Juifs à Kielce, en Pologne), le groupe Kovner mit en place un réseau de stations relais qui conduisaient les survivants (ainsi que les Juifs polonais qui avaient survécu en Union soviétique) dans les zones occupées par les Américains en Allemagne et en Autriche, ainsi qu'en Italie. Les officiers américains et les officiels tchécoslovaques autorisaient tacitement cette infiltration. |
Les chiffres de l'organisation Brihah suggèrent que, entre août 1945 et la fin de juin 1946 (avant le mouvement de masse qui suivit le pogrom de Kielce) plus de 48 000 Juifs quittèrent la Pologne de cette façon. Après juillet 1946, au moins 90 000 Juifs supplémentaires se joignirent à ce flux. Le nombre total n'est pas connu avec certitude, mais il est probable qu'au moins 150 000 Juifs atteignirent les camps de personnes déplacées (et, par la suite, la Palestine ou Israël) grâce à l'aide du mouvement Brihah. |
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